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IronAnne

26 juillet 1999 ou le chant du silence – Partie 1

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

1999 est de ces années qui laisse des traces.

La fin d’une certaine part de l’emprise de mon père sur moi ; son décès ; une fuite en avant dans le savoir ; une amitié intense et un amoureux qui me faisait vivre dans un ailleurs que je savais éphémère. Et puis le mois de juin est arrivé vêtue de sa cape acide-amère, de celle qui carbonise dans une solitude mutique.

Il y a W. qui a tiré sa révérence. Fini mon petit nuage secret et bien gardé, ma bulle où l’amour se faisait élégant, courtois et débordant de tact. Il ne m’a pas repoussé par désamour mais par le contrat gravé dans le marbre qu’il avait posé au commencement. Dès le premier geste de tendresse, de la première caresse, j’ai su que c’était déjà fini. Tout s’arque boutant autour d’un statut sérologique. Je ne devais garder de lui que la finesse du moment et la douceur des gestes. Savoir n’épargne pas la brisure, l’infini manque. Son décès se devait pour lui-même, d’être loin du beau.

La fin de l’année scolaire rimait avec solitude et isolement pour deux long mois depuis mon enfance. Et bien évidement, je ne savais pas comment entretenir les relations avec l’intermède estivale.

C’est ainsi que j’ai su le dernier jour de cours que mon intense amitié avec lui, mon ami Simon, était fini pour lui et pas pour moi. Je savais que je souffrirais de son absence. Celui-là même qui avait vu ma mère ivre, drogué et qui m’avait pris dans ses bras. Lui qui avait partagé ce que je ne livrais pas de ma vie aux autres, la honte. Celui avec lequel je vivais une amitié sans ambiguïté. Je me souviens du dernier au revoir pris dans l’espoir qu’il me dise « on se voit la semaine prochaine ? » et du silence. Dans mon cœur, une brisure de plus. Cette certitude était une éventration. En septembre d’ailleurs, je n’existais plus, même pas un bonjour. Que c’était-il passé ? Et depuis, me lié c’est prendre le risque de souffrir de la perte. 21 ans plus tard, cette douleur n’est ni effacée, ni atténué. Le deuil n’est pas quelque chose que je sais traverser. Peut-être parce que l’amitié n’a pas de date de fin et que si demain, il sonnait à ma porte, je serais accueillante et prise par ce sentiment qui s’est mis en suspension. Simon est ce qui caractérise tous mes freins amicaux : prendre le risque de souffrir de leur absence parce que je vis un attachement profond dans la relation. Mais il est aussi tout ce qui caractérise la prise de risque : celle qui me rappelle au combien ces relations éclairent ma propre vie.

Cet été-là, ma mère était hors du paysage. L’enfant indélicate, goujate, traitresse parmi les plus scélérate félonne que j’étais, l’avait fait hospitaliser pour donner suite à une énième mise en scène d’un suicide qui n’avait pas lieu. Elle accepta la cure de désintoxication pour alcoolisme et toxicophilie car l’enjeux n’était pas sa guérison, le moteur n’était pas son enfant mais uniquement de pouvoir continuer à pratiquer le métier d’infirmière qu’elle adorait. Je savais a quel point, elle ne cherchait pas à en sortir pour amélioré sa parentalité, je n’existais toujours pas à ses yeux. J’étais toujours celle à effacer. D’ailleurs cet été-là, elle ne s’est pas soucié de savoir si j’avais de quoi manger, de quoi vivre.

Si février avait rimé avec libération, juin lui chantais donc le retour en prison.

Depuis le début du mois de juillet mon quotidien était monotone, morne et extrêmement isolé. Je passais mon temps entre quelques errances sur internet qui venait d’entrée dans mon quotidien, des rediffusion en boucle de série télé, des heures absentes perdu dans les notes de musique et un envahissement profond de mes troubles alimentaires.  Être complètement seul quand on a tout juste 18 ans, ne plus avoir de lien avec son tissus social, sortir de 17 ans de maltraitance, franchement, il y avait de quoi s’ouvrir les veines.

C’est à cette époque que j’ai commencer certaines mise en danger : baiser avec des inconnus rencontré via l’équivalent téléphonique de Tinder, subissant leur brutalité et exécutant leur vices. Le quotidien étaient un peu moins vide, mais il n’était pas rempli. Mais c’est aussi à ce moment-là que j’ai rencontré les groupes d’échange sur internet. J’ai pu grâce à un groupe virtuel pour enfant proche d’un parent alcoolodépendant retrouver du lien. J’attendais avec une certaine impatience les courriels qui faisait réponse à mes cries de solitude. J’ai aussi découvert les espaces de discussion autour des troubles alimentaire. Il y avait un peu de vivant à nouveau dans ma vie. Je commençais à tisser des relations à distances qui se trouvais hautement plus sécurisante que celle de mon quotidien.

Mais il y a ce jour de juillet, le 25. J’allais mal après ces journées d’une solitude sans fin avec comme seul compagnie un hamster qui tourne dans sa cage et des mecs qui me tringlait ici et là. J’ai donc tapé dans le bottin virtuel le nom de l’ado. Je subissais depuis plusieurs semaines des pensées parasites, souvenirs des agressions qu’il m’avait infligés. Je sais aujourd’hui que les mise en danger sexuel que j’avais introduit dans mon quotidien ont permis la révélation de la mémoire oublié. Ce n’était pas la première fois que ma mémoire essayait de me parler. Vers mes 11/12 ans, j’avais écrit dans mon journal intime ces souvenirs en détails :  de la chaleur de son corps, à sa sueur qui perlait sur ma peau, de mon regard perdu vers ma peluche à l’infini douleur que ses coups de reins faisaient remonter vers mes épaules sans oublié son obsédante répétition à coup de « je dois le faire » rythmant tous ces mouvements. Ma mère ayant fracturé se précieux confident, ayant lu. Elle me traita de vicieuse, de perverse alors que la seule réponse humaine était : « allons voir la police ». Et tel ma boite de pandore personnel, cette mémoire est retournée dans le coffre-fort de ma tête.

Mais cet été-là, trop de perte, trop de solitude, trop de peine, trop de manque, trop de reviviscence, la mémoire n’arrivait plus à enfermer dans les profondeur de mon âme ce qui me faisait mal. Elle vomissait dans mon quotidien trop de chose. Et c’est ainsi que le 26 juillet s’imposa comme un basculement.

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