chapô - IronAnne(13)
IronAnne
IronAnne

Deux heures chaque midi

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Fontaine-lès-Dijon – 16/17 ans

Quand j’étais en seconde, mon père était au chômage. J’allais dans ce lycée qui était à quelques minutes à pied de notre appartement. J’avais pris une troisième langue : le russe. C’était une période très complexe pour moi. J’étais pour la première fois depuis la lorraine dans une distance aussi proche entre école et domicile. Si mes deux parents avaient travaillé, cela aurait été sans nul doute merveilleux, mais j’ai vécu au contraire un temps d’asphyxie. Je n’étais jamais seule et mon quotidien était sous les tenailles cruelles de mon père. J’ai tenté de convaincre mes parents sous la lumière d’arguments réfléchis, éprouvés, remaniés dans ma tête, que manger à la cantine était mieux pour mes études. Mon père refusait tout argument ne cachant pas que je ne serais pas sous son contrôle, que je passerais du temps à me détendre, papoter, me balader avec mes amies. Pour lui : c’était hors de question. Il fallait qu’il me contrôle. Je n’étais qu’une salope, une menteuse, une fainéante. Et sa position était validée par ma mère.

Mon objectif était de mettre de l’espace, de l’air, de la distance avec le pénitencier familiale. Je voulais en profiter pour vivre 2h par jours. Je fus renvoyée sur la touche. J’avais une place et il était hors de question de prendre le moindre écart. Ma vie était coincée dans des ornière.  J’ai fini par obtenir que le vendredi, je sois autorisée à passer par la cantine parce que j’avais un cours de Russe sur le temps de midi et qu’au lit des 2h habituelle, j’avais environs 1h si mon enseignant me laisser sortir à temps.

Le temps de midi était une tête à tête à la scénographie callée, précise, orchestré de la main cruelle du maitre des lieux. Je me devais de rentrer au plus vite. Le temps était surveillé, contrôlé, évalué. Si l’enseignant me lâcher en retard, je courais avant d’être en vue pour rattraper le plus possible le temps perdu.  Il me regardait depuis la fenêtre de la cuisine et la centaine de mettre sous son œil se trouvait soumise à l’évaluation de la cadence de mes pas qui se devaient d’être rapide dans une marche mais surtout pas dans de la course. Marcher vite, oui. Courir, jamais. Et me voici lancé sur le décor du repas.

Je franchissais le seuil de la porte. Il était toujours en caleçon sur ces temps de midi. Je voyais son torse poilu en face de moi. Il faisait ses sourires carnassiers. Et je n’avais aucun doute que son coté en sous-vêtement était prévu. Il était sûr qu’il cuisinait avec ses vêtements. Et quand le tocsin annoncé le temps de midi, hop… il enfilais sa tenue de ténors de la perversion. J’allais poser mon cartable dans ma chambre. Je devais sourire, être si heureuse de se temps d’échange privilégier père-fille. J’allais à table. Je mangeais le repas qu’il avait passer 1 à 2h à cuisiner pour moi se prenant pour le Bernard Loiseau locale. Bon ou pas bon, je concluais toujours le repas par une félicitation, un éloge au talent culinaire, au voyage gustatif que j’avais eu le privilège de vivre. Je débarrassé les assiettes. Je filais dans ma chambre mettre mon cartable à jours selon les besoins du cours de l’après-midi. Il me restait environs 1H15 de temps à partager avec mon père.

Je déposais mon sac prêt dans l’entrée. En dessous du miroir. J’allais dans le salon-salle-à-manger. Il était déjà installé sur le clic-clac vert. Il était couché sur son flanc droit. « Vient là » lançait-il vers moi. Il tapotait de sa main gauche le tissu vert. Le convertible était en version canapé. Si le temps de midi était rallongé. Il le mettait en version lit. Il me fallait me coller au plus près de son corps. Il me fallait le coller pour ne pas tomber. Le volet était toujours mis clos empêcher les voisins d’en face d’éventuellement percevoir la moindre chose suspecte au loin. Sa main gauche se glissé sous mon t-shirt, sous mon pull. Il caressait mon ventre. Son bras droit supportait sa tête. La mienne était couchée sur le canapé. J’étais en chien de fusil, couché moi aussi sur le flan. La télévision laisser défiler une série sur M6. Et là, il entamé ses va-et-vient. En avant, en arrière. Le sexe restait bien dans ses sous-vêtements. D’avant en arrière, d’arrière en avant. J’étais là, à tenter de toute ma conscience, de toute mon énergie, de fuir dans ce que je voyais à l’écran. Je refusais de ressentir cette séance de masturbation. La petite maison dans la prairie ? quelque chose de cet ordre. Je regardais sans voir, je voyageais dans l’absence du corps. Il y avait été bandant qui dur cognait ma fesse pour s’aplatir dans ses frottements. Il y avait sa main qui se crispait sur mon ventre, qui serrais, comprimais mon corps flasque de plus en plus fort. Cela suivait la dynamique exitatoire de père. Il faisait durer. L’objectif était son plaisir. Et moi, j’étais vide. Toujours aussi absente du réel. Je fixé des images sans les comprendre. Je me voyais dans les lignes de couleurs voyageant sur les bosses, les courbes. Je me disais que je serais allé si bien à l’école sur le temps de midi. Je me disais « vivement vendredi » (ou jeudi, j’ai un doute). Il finissait par être 13h40. Je bondissais dans un automatisme. J’allais vite au WC. Je faisais pipi. Je vérifié si mon pantalon était souillé par ses excrétions. J’entendais dans le salon le grognement de la pression éjaculatoire qui monte. Je m’essuyais. En fonction, je changeais ou pas de pantalon. J’allais dans la salle de bain prendre de quoi l’essuyer. Je revenais dans le salon. Je lui donnais et je partais à l’école. C’étais silencieux. Parfois, si j’avais du temps, je devais lécher et essuyais mais c’était rare. Je détestais le goût de son sperme légèrement salé avec une odeur rance. Il se faisait déborder par le temps.

Je n’aimais pas les temps de midi. C’était nul. Je voulais manger à la cantine. J’aurais peut-être bien été m’isoler. Parce que j’avais besoin au fond de n’être avec personne que moi. Je voulais plus que tout exister pour moi. Les jours ou j’avais russe. Je mangeais seule, ou avec une copine de classe. Je goutais au plaisir d’être seule. L’excuse de la précipitation.

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2 réponses

  1. Après avoir lu l’horreur que tu as subi, si longtemps… J’ai envie / besoin (tant je suis, juste en tant que lectrice, retournée / en colère / horrifée par ce qui a pu t’arriver + stupéfaite de la femme extraordinaire que tu es / battante face à ton histoire) d’entendre que ce monstre n’est plus de ce monde.

    1. Charlotte, il est mort. Il est mort peu avant mes 18 ans. C’était en février 1999, de mémoire. C’est flou. J’ai la date dans des documents en haut. Il est mort un mercredi. Je m’en souviens parfaitement.

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