IronAnne - chapô
Picture of IronAnne
IronAnne

Araignée

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Je sais précisément depuis quand j’ai peur des bêtes à 8 pattes. C’est juste l’histoire de la solitude dans la terreur, aussi simple que cruelle.

Je suis dans le jardin. Le saule pleureur est dans mon dos. Il y a le cerisier juste à côté de moi. J’avance entre les arbres dont les espèces m’échappent aujourd’hui comme elles m’échappaient d’ailleurs à l’époque.

Je suis en short. Il a cette couleur d’un rose délavé, passé, qui a connu trop de machines, avec cette coupe très emblématique de la mode germanique, trop court et arrondi. J’ai un t-shirt blanc, usé par le temps et mes précieux infinitésimaux bouts d’enfance volés en douce et à la barbe de mon père. Ces toutes petites bulles cristallines et précieuses qui s’étaient quasi envolées depuis la mort de mon grand-père.

Je suis saisi par la nature, riche et à la fois flétrie de ce jardin. Un mulot a pointé le bout de son nez depuis la maison. Il sort par une fenêtre à peine plus grande qu’un soupirail. Je ne veux plus bouger. Je veux regarder ce petit bout de vie sauvage. Être figé par la peur, j’en ai tellement l’habitude que je connais la partition de l’immobilité.

Et là, par le plus grand des hasards contradictoires, une araignée tombe sur mon dos. Pas n’importe où. Elle est tombée pile poil par le col de mon t-shirt. Elle court entre le tissu et ma peau. Je la sens glisser sur mon dos et j’hurle de terreur. Cette sensation me dépasse. D’ailleurs, je n’hurle jamais de terreur. C’est mon quotidien, l’effroyable. Pourtant, là, dans cet instant, je suis débordé par ce ressenti qui m’est complètement inconnu et qui à la fois rejoue toutes les intrusions, l’absence de consentement. En un court moment, tout est symbolisé, figé, identifié et identifiable.

Le mulot est déjà loin.

Sous la mélodie inédite d’une frayeur nouvelle, solitaire, hors de toute agression, je finis par me rouler par terre. Je veux l’écraser. Je m’agite longtemps sur le gazon jauni. C’était la fin d’après-midi quand la scène a commencé. Elle s’arrête quand la nuit tombe. Le temps s’est fait aussi long que court. Personne n’est venu, ni le voisin qui m’a vu osciller sans fin sur le gazon, ni même un passant. Personne ne me voit. Je suis terrifié.

Cette araignée a porté et porte encore toute la terreur qui habitait mon enfance. Elle a cristallisé en un instant un barnum qui ne s’était jamais dévoilé et qui ne se dévoilera qu’après sa mort. Je ne veux pas des 8 pattes parce qu’elles sont le spot qui a éclairé de façon blafarde la solitude terrible de mes terreurs.

Articles similaires

Partagez ce billet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *