Elle est là, toute petite. Présente. Elle est sourde, tamisé, impitoyable, sépulcral, spectral. Elle ronge, sclérose, dénerve, grignote mon cœur. Elle se diffuse en osmose. Elle cultive le doute, la terreur.
Elle est née du constat terrible : pour mon père tout était toujours la faute des autres. Il n’était responsable de rien. La perte de son emploie ? L’échec de sa société ? Son non-emploi ? Il fulminé sa déresponsabilisation comme porte étendard de tout ces malheurs. Il avait toujours quelqu’un à accuser. Il vivait dans ce cercle constant.
Il y a moi, mon histoire, sa réalité. Quand dans ma famille ont m’a accusé d’être porteuse des maux. Quand une adulte m’a dit qu’elle savait, mais qu’elle n’a rien fait. Quand elle m’a dit que je ne valais pas mieux que mon père. Quand elle m’a renvoyé que cette colère de moi adulte sur mon enfance et ce qui était responsable de moi était déplacé… Elle a touché à cette fêlure. Oh certes, elle le sait. Mais peu importe.
Il est difficile pour moi de vivre ce point : cette adulte, mon père, l’ado, le soignant sont responsable de la friche de ma vie. Et je panique. Je suis donc comme mon père ? Je pleure. Je m’effondre sur fauteuil de thérapie.
Je vois ce miroir aux monstres. Je vois cette terreur qui est là, furtive dans l’arrière-plan. Cette construction mentale. Si je ne suis pas responsable, c’est que je suis comme lui. Et voilà comme il a ferré mon esprit dans sa spirale.
Je deviens donc responsable de tout. Puisque je ne peux pas être comme lui. Responsable d’avoir été violée, battue, torturée. J’en deviens la fautive. Pour ne pas être comme lui.
Je suis rongé par un cancer émotionnel.