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IronAnne

Ces objets, musée du passé

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

La précarité est une réalité, une conséquence somme toute classique de cette enfance.  Trop abimée, trop fragilisée, trop de plein de chose, trop d’absence de ces actes qui nourrissent le cœur, on pourrait imaginer que fuir dans l’école aurait été mon sauf conduit vers l’espoir. Vu que l’école était tout sauf un refuge pour moi, je me suis retrouvée dans une impasse.  

J’ai eu le bonheur de trouver Alex sur ma route, c’est une autre et belle histoire. La vie a été vache avec nous. J’ai le sentiment que c’est dû à ma présence. J’ai le sentiment d’être l’aimant à poisse, trou noir des catastrophes qui s’insinue dans mon univers personnel, cause unique et identifiée : moi.

Ma mère est morte peu après le début de ma vie de couple. Nous avons vidé son appartement, récupéré ce qui devait l’être, parce qu’on en avait besoin. On vivait à 2 sur un salaire. Quand ma grand-mère est morte, j’ai aussi récupéré différentes choses.

Dans ma salle de bain, un rideau de douche vert, moche. Je fais comme si de rien été. Mais ce rideau connait les secrets des douches où mon père s’imposait à moi. Il a tout vu de ses fibres. Un rideau de douche, ce n’est pas si cher, me direz-vous. Mais après 15 ans de précarité, on repousse souvent les achats car des priorités se pose toujours sur notre route, plus impérieuse les unes que les autres. Il faut un appareil à croque-monsieur, un congélateur, une casserole. Alors, je fais avec. Mais j’ai envie de déchirer, bruler, faire des lambeaux de ce rideaux.

Dans ma cuisine, deux armoires. Je les connais depuis longtemps. Un peu partout, des vieux morceaux de meubles en attendant mieux.

J’ai longtemps dormi dans le lit de mes parents. L’air de rien. Un jour à bout, je l’ai donné quelqu’un. J’ai préféré dormir sur un matelas au sol. Aujourd’hui, je rêve d’un beau, très beau lit de chez IKA. Pas si cher, mais je n’en ai pas les moyens. Pourtant l’importance d’une chambre sécurisante est vitale quand on a vécu ce que j’ai vécu. Les ouvrages en parlent. Mais, je n’ai pas les moyens, un jour peut-être ? Bientôt, je l’espère. A chaque mois ses priorités : prochainement une tente, puis mon minerval de 120€ pour la psychopathologie, 430€ pour la psychomotricité. Non, vraiment, il n’est pas près de venir se doux lit douillet et je continuerais à dormir dans le salon.

On ne manque de rien, mais 15 ans, c’est long. Du coup, le quotidien est complexe, on remplace petit à petit.

Dans ma salle de bain, il y a une bassine en plastique. Elle vient de chez mes parents. Dans mes armoires des tasses que je connais depuis que je suis née. Partout, partout chez moi, par faute de moyen, ce passé, cette enfance me poursuit. J’ai toujours l’une ou l’autre housse de couette de mon enfance. Une que je changeais en pleine nuit. J’ai toujours des livres, des CDs, des vinyles de mes parents. Une cruche par ci, un essuie (serviette en France) par là. Des cuillères en bois qui m’ont tapé servent toujours à cuisiner, des plats à tarte, moules à gâteau… Trop d’objet.

Je saigne de leur présence. Je rêve de faire disparaitre ces traces d’un temps qui m’a rongé et me ronge encore.

Alors, je vis avec ces fantômes, silencieux témoins sans âmes de ce qui fut vécu. Musé des horreurs dont je ne sais faire autrement.

Promis, le mois prochain, c’est le rideau de douche qui passe découvrir l’enfer d’une poubelle bien fermé… définitivement.

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