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IronAnne

Cher Docteur, je n’ai pas fantasmé

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Mon père était mort depuis quelques semaines. J’allais mal. Ma peau me brulait, je le vivais en sensation et je savais que c’était dans ma tête. Je n’avais pas les mots juste pour décrire ce vécu corporel. Ma peau criait mon mal être. Ma peau hurlait la souffrance. Je ne supportais plus rien, plus de vêtements, plus de tissu. Je restais nu dans mon lit pour tenter de vivre ce contact au minimum. Mais ma mère me disait « arrête de faire ton cinéma » en colère. Elle me reprochait d’attirer l’attention sur moi alors que seule elle souffrait de l’absence de mon père. Je vivais se paradoxe de l’amour d’une enfant. Je l’aimais au-delà de la perforation infligé. J’avais l’espoir naïf qu’il trouve le chemin d’un vrai amour sans crasse pour moi. Je passais des heures couchait sans bouger. L’air m’était insupportable. Au bout de 2 semaines figée chez moi dans ces souffrances, je fus envoyée chez le Dr MP.

J’avais mis bon grès, mal grès des vêtements, celle-ci ayant refusé de venir chez moi. J’étais là, pleurant à l’intérieur de moi sur la douleur de ce que m’infliger ce contact. Je ne voulais plus et ne pouvais plus être touchée. Chaque cellule de ma peau tançait ce que des années de non-dit ont posé sur ma psyché. Je souffrais de différentes sortes de psoriasis depuis l’enfance. Ma peau avait dit dans tous ses dialectes ce que je vivais. Ça n’a pas suffi. Elle a pris des mesures radicales. Mais la surdité des soignants illustrait leur tumulte sourd. Là, ma peau avait décidé un stop sans commune mesure, elle a dit à corps et larmes l’indicible. J’ai depuis toujours appris à ravaler mes larmes. J’étais en apparence bien, mais aussi déconnecté de ce qui me calciné à dans ma surface. Je faisais bonne figure. Je savais faire ça depuis si longtemps. Ne pas pleurer après un coup de poing, faire comme si…Et me voici dans la salle d’attente d’un cabinet de médecin généraliste. Elle est une première ligne de détection des maltraitances. Ce n’est pas rien son job. Elle reçoit le tout-venant, les drames et doit répondre sans distance, dans l’immédiat, dans l’urgence. Je suis là pour ma douleur. Elle évidement éludée. Si c’était si insupportable, je ne serais pas là… Elle a mis de côté son refus de venir à mon domicile. Je veux de l’aide. J’ose parler, je veux soulager cette chair qui à tant pris de coups et d’effractions. Cette carcasse s’époumone à dire « Anne a été violé, battue. Il a essayé de la tuer. Il l’a violé tellement de fois, frappé tellement de fois, humilié a tant de reprise que chaque cellule est en grève. Ce corps, cette âme, cet esprit a besoin d’aide. Anne a subi des sévices, de la torture aidez là ». J’aborde avec la maladresse d’une sans-mots ce vécu. Avec cette voix fluette et faible, j’émets l’hypothèse que peut-être …. Que j’ai des souvenirs mais que je ne sais pas… et je le lâche dans se torrent d’hésitation, de suspension que j’ai des souvenirs de mon père me violant mais que je doute, que j’ai peur. La réponse fut tel un coup du marteau de Thor pour moi. Me voici morcelé, fragmenté, explosé sur une table d’examen à moitié nue dans ce qui venait de devenir un sordide cabinet par une phrase : « Anne, ce sont des fantasmes ! Arrête de chercher à attirer l’attention !». Cette phrase est tonitruante, affirmé, décidé, dégoulinante de certitude. Je suis encore morte une fois de plus là sous cette lumière si hospitalière. Cette soignante m’a répondu tel une balle dans un match de tennis, lancée à pleine puissance, à pleine vitesse. Coup de marteau, coup de poing, tout…un camion 38 tonnes venait de me rouler dessus.

Là, dans cette intimité d’une poitrine auto-mutilé dévoilé, même pas regardé dans toute ces plaies infectées, purulente. J’étais abasourdit. Dire avec toute la maladresse fragile d’une presque adulte l’inaudible, imprononçable de ma vie… et non ! Je n’étais qu’une petite perverse qui fantasmais sur un père. Je cherchais à attirer l’attention. Je me souviens de mon cœur qui tambouriné en moi quand j’osais lever le voile de l’absurde irréalité de ce qui se passait encore, il y a si peu de temps. J’avais une respiration haletante. Je n’arrivais pas à laisser l’air sortir de moi, ce qui faisait que j’étais un poil dans une ivresse des profondeurs saturé par le quasi-non renouvellement des gaz respiratoire. Mon cerveau shooté à milles et une molécule de stress, de soulagement. Un cocktail du chaos. Et me voici stopper en plein élans de la sortie de la geôle des maltraitances. Je suis anesthésié, dans le brouillard. Je suis comme évacué de mon corps. Je n’ai plus que des automatismes, des mouvements sans réflexions, des gestes répétés depuis l’enfance : se rhabiller, payer, prendre la feuille de soin, partir. Je ne suis plus là. J’ai dissocié. Je ne sais plus comment je suis rentrée… je sais que je l’ai fait, mais je n’ai plus rien pendant plusieurs jours en mémoire. Et j’ai le souvenir de ce vide mémoriel.

J’ai eu mal. Étonnamment, ce qui fait parfois œuvre de destructions n’est pas ce qu’on attend. Je voulais de l’aide. J’ai tenté de lui parler des violences que j’avais. Mais là encore, ce n’était pas vrai. Ce n’était pas la première que je devais faire silence et que j’étais mise au secret dans la société.

Cela faisait peut-être 2 ou 3 ans qu’elle voyait ma mère pour un traitement psy dont j’ignore les détails, qu’elle faisait le suivit de base du diabète insulino-dépendant de mon père. Comment n’avait-elle pas vu les hématomes sur ma mère, sur moi ? Je ne m’en cachais jamais avec elle.

Je venais de dire dans un élan pulsionnel quelque chose de rare. Et tout était arrêtais. Je ne suis pas sortie « indemne » de ce rendez-vous manqué. J’ai développé quelques temps plus tard une aphonie psychogène. Il m’aura fallu être le 15 mars 2019 pour faire un lien entre cette aphonie et cet entretien médical. Je savais que c’était en lien avec mon histoire du devoir de silence… Mais quelle claque ! L’aphonie psychogène est typiquement liée à un décès, un traumatisme du larynx (viol, tentative de strangulation). J’ai appris les causes bien des années plus tard. J’avais un trio gagnant. Et là encore, dans le soin de cette pathologie-là, rien ne fut fait dans ce sens de libération de ma parole. Il n’y a pas pire soignant que ce qui ne souhaite pas voir. Ils se défendent sur le fait que la patiente ne veut pas regarder la réalité en face pour justifier leur inaction.

« Chez docteur, je vous déteste, je vous méprise. Vous avez été d’une incompétence coupable. Je ne vous donne aucune circonstance atténuante ». Et j’ai besoin de le dire aujourd’hui.

Cher soignants… dans vos anamnèses cela ne coûte rien de demander si votre patient-e est victime de viol, violences familiale, conjugale, morale. Il ne vous coûte rien de mettre dans vos toilettes les numéros d’urgence des associations pour trouver de l’aide. Il ne vous coûte rien de faire ce qui est juste en tant que soignant. Il vous faut vous former. Savoir que c’est une parole qui se libère progressivement. Je n’ai rien fantasmais. Combien d’enfant la Dr MP a-t-elle réduit au silence ? Combien… !

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