chapô - IronAnne(8)
IronAnne
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Du bocal à l’eau

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

À Brazey, je faisais du vélo comme un poisson tourne dans un bocal. Je roulais sans but dans mon quartier. Je n’osais pas aller trop loin. S’il percevait cette course effrénée vers le tout mais pas lui. Je flottais en moi quand je roulais. Je me disais que les poissons devaient s’ennuyais. J’espérais avoir la mémoire d’un poisson rouge pour oublier les faits avérés. J’ai réussi. Au fil des contraction musculaire, j’oubliais, c’était présent et absent de moi. Je n’étais qu’un corps.

Je fuyais le réel, l’asphyxie, les coups, ses mains, son sexe, son alcool, sa drogue, sa présence, son absence, le mal-amour. Je n’ai jamais su où fuir, poule sans tête de son propre quotidien, voilà ce à quoi j’étais réduit.

Je n’étais pas apprécié par les autres enfants de mon quartier. Ils allaient tous dans une même école et pas moi. J’étais d’un ailleurs inexistant à leurs yeux. Je passais pour une prout-prout ma chère avec mon école au loin. Ils ne pouvaient pas comprendre que mes parents ne voulaient pas que je fréquente d’autres gens que ceux qui nourrissaient leur illusion d’une classe sociale qui n’était pas notre. Je crois que c’est pour cela qu’il a toujours toléré que Manon soit dans ma vie, plus ou moins. Et moi, je n’avais pas saisi autre chose qu’elle était une amie.  

J’ai fini par tisser des liens avec 2 enfants du coin, dont un plus particulièrement. Il s’appelait Patrice. Mes tours avaient enfin un but, un point de chute, un espace de sécurité.  Je ne sais plus comment, mais mes parents sont entrés en relation avec les siens. Il faisait du Kayak. J’ai essayé. Et ça m’a plus. Je ne suis pas sûre que ce fût le sport en soi qui me plaisait mais l’échappatoire qu’il représentais.

Depuis que j’avais quitté la Loraine, je n’avais plus de loisir. C’était inespéré que mes parents soient d’accord. Au début, ils m’ont déposé à l’entrainement. Petit à petit, j’ai dû y aller seul à vélo. Mais c’était bien, j’avais un but. Je ne pédalais plus dans le vide. Évidemment, mon père s’est incrusté comme une sangsue dans ce loisir. Il ne fallait pas que je me sente en sécurité, je devais rester en alerte.

Ce que j’adorais le plus, c’étaient les entrainements sous la pluie. Il y a une chaleur particulière à la surface de l’eau, une ambiance digne d’un conte de fée. Je n’étais pas la plus talentueuse. Mais j’adorais. J’étais souvent pleurnicharde, boudeuse, peut-être parce que j’avais besoin de tendresse. Évidemment, c’est aussi parce qu’un peu de la pression qui m’écrasait s’extirpé de moi. J’adorais les compétitions, plus elle était loin, mieux c’était mais je n’ai jamais dépassé la région. D’ailleurs, certaines m’ont plus marqué que d’autre. Par exemple, le 2 avril 1992, quand P. Bérégovoy s’est suicidé, j’étais à Nevers pour une compétition.

Je n’aimais pas quand on allait faire des balades sur des rivières. Je ne savais pas esquimauter. Je ne savais pas dire que j’avais peur d’être noyé parce que j’avais vécu ça ailleurs. Mais cela me terrifiait. Je savais précisément le ressenti que l’on vit en étouffant sous l’eau, la terreur. Je me contente de me rappeler de ces 3 fois ado où il a essayé de me tuer mais il m’a immergé sous l’eau pour me faire peur plusieurs fois. Pas assez pour mourir mais assez pour vivre l’effroi. Faite juste un aller-retour sous l’eau sans qu’on vous prévienne. À chaque fois qu’il rentrait dans la salle de bain, je me préparais. Je prenais des inspirations suffisantes pour faire face. Alors, je savais l’angoisse de finir sous l’eau. Et je ne pouvais pas.

Quand on faisait des entrainements pour des courses de vitesse. J’aimais ces moments où il n’était pas là. Je filais sur l’eau, fragile, frêle, essoufflée. Mais il y avait quelque chose à la clef, l’espérance et ça n’a pas de prix. Je finissais souvent 3ième dans ma catégorie. Mais finalement, ce n’était pas ça l’enjeux pour moi.

J’avais un tout petit plan. Je rêvais de voler un kayak, de prendre un sac a dos, et de tracer la route le long de l’eau, direction Lyon, Marseille. C’était possible depuis la Saône. Mais, ce n’était qu’un rêve. Mon père n’était jamais loin. Il s’est petit à petit introduit dans le club sur des aspects de l’association qui gérais le club, les CA, je ne sais pas trop. J’essayais de ne pas savoir. Il a fait pareil à l’école. Il était délégué des parents d’élèves. Il était presque bien sous tout rapport. Du coup, les gens ne pouvaient pas percevoir que cela soudait la parole l’enfer dans l’interdit.

Mais, j’aimais ça. Pas pour le sport mais juste sur l’eau, le fait qu’il n’était pas là. Même quand il s’essayait au sport, il n’allait pas dans les mêmes bateaux que moi. Il fallait un équilibre qu’il n’aurait pas su avoir avec ses problèmes de santé. Et c’était un met délicat pour moi ! Un petit Kiff perso. Il n’était pas apte, pas capable. Un petit coté bisque-bisque rage.

Évidemment, je ne trouvais nul pour le sport. J’adorais mon entraineur principal et l’autre kayakiste qui m’entrainais aussi. Les deux touchaient par leur tendresse cet enfant cabossait que j’étais. Mais on ne dit pas à son entraineur : sauve-moi, offre-moi une terre d’ailleurs, offre-moi de la protection. J’étais quand même malheureuse et seule mais j’avais un peu le sentiment d’appartenir à quelque chose : un groupe. Mais j’étais trop abimé pour en être complètement membre, je restais en marge. J’étais celle qui était au bord des larmes, vexé, coléreuse surement.

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