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IronAnne
IronAnne

J’ai perdu ma voix.

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Mon enfance est un enchainement d’adultes qui refusent de voir l’évidence pour leur propre confort. Je suis profondément convaincu que cet aveuglement est dû à la non-rencontre de la réalité de l’inceste, de la maltraitance. C’est un concept théorique que l’on ne veut surtout pas visualiser dans sa réalité. Je comprends profondément « pourquoi » : parce que c’est abject. Mais j’ai la conviction que cette façon de n’aborder cette question que de façon abstraite participe activement à ce que ces crimes et tortures passent sous les radars. C’est ainsi que mon aphonie psychogène, devant moi, n’a jamais soulevées de questions sur ses 3 causes majeurs :

  • Le décès proche dans le temps.
  • Une tentative de strangulation.
  • Un viol oral.

Il y avait plusieurs mois qui séparé mon aphonie du décès de mon père, une année.  Et il y a un temps cours entre aphonie et trauma. Cela n’apparait que dans un lien temporel rapproché. J’avais essayé de crier « encore » mon histoire et le drame de ma vie. Mais je n’étais pas audible. Juste avant cette hospitalisation, j’avais dit au Docteur MP, ma généraliste, que je croyais que peut-être mon père m’avait violé. J’avais mis beaucoup de peut-être car j’avais peur de parler. Et cette abrutie m’a dit que j’avais des fantasmes malsains. J’ai perdu ma voix quasi immédiatement. Je n’ai plus rien dit en sortant de là, et le soir m’a mère ne m’a pas parlé… C’est le matin, en voulant chanter, comme tous les jours ma playlist (du Jean-Jacques Goldman) que j’ai constaté qu’aucun son n’était là. J’ai paniqué. Ma mère m’a gardé « au secret » plusieurs jours avant de me remettre devant notre médecin de famille dans l’idée que je faisais tout pour attirer l’attention et caché que seule elle souffrait.

J’ai été hospitalisé en service de pédopsychiatrie. J’étais dans ma 18ième année. On m’avait fait une fleur, car j’étais jeune. Un service pour adulte n’a pas été évalué comme « bon pour moi ».

Cette hospitalisation a été très traumatisante. On m’a mis en cellule d’isolement sans m’isoler. Il n’y avait pas de place pour moi. Ce sentiment de ne pas compter était appuyer par mes conditions de soin. Ce genre de chambre est glauque et morbide. Aucun placard ne se fermait. C’était très gênant. Il en allait de même pour la salle de bain, la porte de la chambre. J’avais un manque profond d’intimité qui reproduisait ce que j’avais toujours connu.

La chambre était déshumanisée, déshumanisante. Les murs étaient blancs. Aucune nuance de volume sauf du au rare effet d’ombres. Mes camarades hospitalisées avaient des chambres plus agréables, humaine, un lit bien plus confortable que le mien. Mon lit était fait pour que je ne me fasse pas de mal. Elles avaient une table de nuit avec une table intégré et moi une table de nuit non fermable sans clefs. Clefs, détenues par le personnel. Et surtout, elles avaient des lampes de chevets, des armoires fermées et une salle de bain préservant l’intimité. Moi, je devais dépendre d’un humain (jamais disponible) pour avoir la lumière éteinte car l’interrupteur était protégé. Je savais d’une de mes camarades que lorsqu’elle y avait été enfermée : la nuit, on lui imposait la lumière non-stop pour éviter qu’elle ne se suicide. Je trouvais ça horrible. Et je n’étais pas à l’isolement alors on m’avait fait la fleur de ne rien fermer et de laisser tout exposer à tout le monde de mes armoires, sous-vêtements. Que privilège de l’humiliation.

Encore aujourd’hui, j’ai la conviction que ces chambres sont nuisibles. Elles renforcent l’envie de mourir. Oui, un-e patient-e suicidaire c’est galère mais on s’y prend très mal selon moi là-dedans. La mienne n’était pas fermé et je me sentais mourir dedans. Je n’ose pas imaginez la souffrance de celles et ceux qui y reste. D’ailleurs, dans le service on ne me parlait que des filles qui finissait dedans… Au fait, ma camarade qui y était avait été violé par son père. Elle quittait une prison pour une autre. En vérité, je m’en fiche qu’on n’est pas trouvé de meilleure solution : il en faut une meilleur ! point. La violence de cette pièce reste profondément anxiogène.

Dans cette hospitalisation, j’ai rencontré le père de ma mère. Ma mère voulait que je sois proche de lui. Je reste avec le questionnement suivant : me vendait-elle à lui ?

J’ai dû écrire et illustré une histoire pour le psychiatre du service. J’y parlais d’un désert de glace, sans vie, au sol qui craquelait où les monstres vous attrape les chevilles. Une plaine où les cris de peur, de douleur n’avait pas leur place et les sons restait étouffé au dedans de soi. Un espace où les serpents s’insinuaient en soi insidieusement.

Je reste très en colère : jamais ce professionnel n’a questionné l’inceste, les viols, les tentatives de meurtre. Cette aphonie était complètement liée à mon passé. Et, il y a eu faute sur faute : la chambre. On aurait dû me changer quand une place s’est libérée, mais je n’étais pas assez sage… Encore aujourd’hui, je ne vois pas en quoi je manquais de sagesse. À cette époque j’assumais déjà mes troubles de la conduites alimentaire (qui sont encore un indice de maltraitance que j’avais subit !). On n’a pas questionné la maltraitance, les viols, l’inceste. On restait dans le besoin de ma mère que ma chambre soit rangée et du pro qui disait qu’elle n’avait rien à dire là-dessus. Et des arguments sanitaires à l’appuis de sa part. J’avais l’impression d’être là pour servir son Drama Queen mais qu’on s’en foutait de moi. On ne me posait pas de question. Je restais là, posé, en décoration.

On a nié ma panique face au père de ma mère. En effet, ado, quand je l’avais questionné sur son père : elle me l’a montré au loin et m’a dit que je pouvais aller le voir. Mais alors qu’il ne fallait pas me plaindre s’il me faisait du mal car cela serait ma faute. J’ai fait une crise de panique quand il a débarqué à l’hosto. Pourquoi ma mère remettait un violeur dans notre vie ?!

Professionnel : questionnez !! Les signes sont primordiaux. Dans tout mon parcours, chacun a remis sous le tapis ce qui était évident pour son propre confort au détriment de ma sauvegarde.

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