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IronAnne

« Jaune devant brun derrière »

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Le contrôle complet qu’opérait mon père sur moi, passait par différentes actions et stratégies. Parmi celle qu’il aimait beaucoup : c’était le contrôle des WC. J’imagine que cette idée vous laisse perplexe. On vivait un enfer complet dans la maison, une dictature extrêmement codifié, faite de règles absurdes dont il ne fallait pas s’écarter. Les portes étaient un enjeu majeur et l’intimité sous-jacente encore plus. Les mécanismes de domination étaient multiples. Donc les toilettes en faisaient partie. Il était interdit d’en fermer la porte même pendant mes menstruations. Je devais mettre mon tampon porte ouverte, du coup, j’ai préféré les serviettes.

Ceci a commencé quand nous avons déménagé à Brazey-en-Plaine. La première semaine, comme dans notre ancienne maison, je fermais cette porte. Et il l’ouvrait brutalement. Elle claquait contre le mur dans un bruit saisissant. Pas un mots. Il était clair que je comprenais sa décision irrévocable. J’ai cédé pour ma survie. Elle, cette belle porte, n’était fermée que quand nous avions des invités, mais ceux-ci étaient rare.

Je voulais m’isoler, j’en avais besoin. J’ai été marqué par les propos d’Ina May Gaskin, il y a 4 ans, quand dans un documentaire, elle disait qu’accoucher et faire caca demandait de l’intimité. Moi, chier, pisser en toute intimité, je ne connaissais cela qu’à l’école et hors de la maison en générale. Quand je fermais la porte ado, il me disait « tu as quoi à cacher » parce que j’avais osé retenter la chose avec mes cycles. C’était terrible, sa voix me glaçait le sang. Quand j’étais seule à la maison…Je fermais la porte. C’était un plaisir secret et complet. Personne ne pouvait m’interdire la solitude, la rencontre avec moi-même dans ce tout petit espace. J’aimais aussi être chez mes grands-parents, même si leur WC était grand. J’y étais seule D’ailleurs, le jour de sa mort, quand je suis rentré de l’hôpital ce soir-là, il devait être 23h et quelques. J’ai fait pipi porte fermée. Un soulagement sans nom a été ressenti dans mon corps.

Le problème dans ma vie, c’est que je suis têtue. Et c’est aussi ce qui m’a sauvé. Je résiste toujours sur un truc, je m’y accroche avec puissance. Je ne voulais pas de ces toilettes exposées au monde. Je voulais mon intimité pour m’essuyer. Alors, j’ai décidé très tôt de très mal m’essuyer. Il n’aurait pas ça de moi. J’en laisser toujours sur mon cul, voir je n’utilisais aucun papier. Le bénéfice secondaire de ce choix, c’est que je restais moins longtemps aux chiottes Notez que ce n’est qu’il y 2 ans que j’ai appris « le bon sens » pour s’essuyer les fesses. Vous pouvez en rire. Mais cela illustre la négligence complète de mes parents. Et visiblement chez nous le papa à fait le job correctement, car mes enfants gèrent bien.

Il y avait un double bénéfice à ma décision. Un, je me protégeais de son regard en écourtant cette fonction vitale. Deux, j’étais sale. Ce n’était pas excitant de trouver de l’urine et traces de matières fécales dans ma culotte. Ce n’était pas efficace pour autant mais qu’à cela ne tienne. Il subirait ça. Il y avait de l’opiniâtreté dans mon attitude.

Il était très fâché de mon comportement. J’en ai pris des beignes pour ne pas maitriser une stricte hygiène intime. Il y avait cette idée « il n’aura pas ça de moi », point final. Et je n’ai jamais cédé. J’ai même poussé le visse à garder des sous-vêtements souillés par le sang. Ça ne l’arrêtait pas. D’ailleurs, il contrôlait mes cycles, bien mieux que moi grâce à cela. Ce qui fait qu’il a découvert ma grossesse avant moi. Je vais en parler quand je le pourrais.

Dans des réunions avec des amis, certes il en avait peu mais quelle joie quand elle se faisait. Ou encore avec des voisins… il se moquait de moi. Notez que peut-on résisté aux conflits qu’il initié. Dans ses moments-là, il se vengeait de mon attitude. Il disait à la cantonade « Ma fille, c’est jaune devant, brin derrière ». J’ai mis du temps à comprendre cette expression. Je me souviens de cette fois où j’ai pleuré devant tout le monde. Ce pleure discret où les larmes coulent en silence comme des lames qui tranche votre visage. Je me souviens aussi qu’une fois je suis partie en pleurant très fort, fracassant les murs de la souffrance de cette humiliation, en courant, m’enfonçant dans mon lit en larme… Blessé par les rires conjoints des adultes présent. « Il n’est pas obliger de le dire à tout le monde, c’est à moi, à moi, rien qu’à moi » ai-je pensé. Il est interpelant comme des pensées peuvent vous marquer pendant une éternité. Il est venu me dire « arrête de faire ton cinéma ».

J’ai cherché des solutions, bancales, certes, mais elles avaient le mérite d’exister.

Quand mes enfants étaient bébés, m’assurer qu’ils aient des couches non souillées était primordiale autant que leur propreté. Mais, dès que leur père était là, je me déchargeais sur lui de cette tâche et responsabilité. C’était très soufrant pour moi. Mon histoire m’envahissant.

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