IronAnne - chapô
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IronAnne

Je rêvais d’avoir un grand-frère

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Les rêves nous quittent pour laisser la place aux possibles.

Durant toute mon enfance, toute mon adolescence et une partie de ma vie de jeune adulte, j’avais ce rêve : celui d’avoir un grand-frère. J’étais parfaitement consciente de la dimension irréel de cet élan qui m’anime. Je sais que la chanson de M. Le Forestier, « Mon Frère » a bercé mon cœur dans ce rêve.  La fin de cette chanson reste toujours très marquante pour moi.

Toi le frère que je n'aurai jamais
Je suis moins seul de t'avoir fait
Pour un instant, pour une vie
Je t'ai dérangé, tu me pardonnes
Ici quand tout vous abandonne
On se fabrique une famille

Ce frère que j’ai construit dans ma tête n’était pas parfait, il était réaliste. Et c’est en cela qu’il était rassurant comme île imaginaire pour échapper au quotidien, pour trouver de la protection. Parce que ce réalisme le rendait plus facile à investir dans mon cœur, dans mon ailleurs. Dans ces projections qui m’ont aidées, il était de deux ans mon ainé. Il avait les cheveux noir, il n’était pas blond vénitien comme moi. C’est étonnant, parce que c’est la couleur des cheveux de mon père. Mais il venait sûrement contrebalancer ce qui était en face de moi. Je tentais de transformé le réel, de lui donner une autre forme. Il avait une dimension d’un être humain probable. Quoi de plus beau comme échappatoire. Quand Maxime le Forestier chante “Toi le frère que je n’aurai jamais / Je suis moins seul de t’avoir fait”, c’était tout à fait ça.

Je me souviens quand je l’ai fait naître dans mon refuge. “Mon frère” passait sur une cassette de mes parents dans notre voiture. Mon père était furieux. Il devait me déposer à l’école primaire en voiture. En descendant la route, nous sommes passé devant le chemin qui permettait de descendre vers le centre ville. Et je me suis dis que cela serait chouette de furie l’école, l’instant, la voiture, de s’assoir sur les marches de ce chemin, de rire, de faire une enfance. Et puis on aurait pu jouer, s’extraire de ce qui fait mal. Pendant un instant, la vie aurait arrêter de bruler.

Plus le temps à passé, plus j’ai étoffé ce frère dans mon imaginaire. Il pouvait me protéger du fils de ma nourrice. Je crois que j’avais juste envie que quelqu’un trouve que je me mérite qu’on se batte pour m’extraire de ce qui était mon quotidien. Alors, il prenait ce rôle. J’avais tisser sur le fil de notre histoire que nous avions une relation qui aurait pu vivre chamaille, emportement, amour, tendresse, disputes…. Un lien incroyablement fort car il pouvait se vivre dans toutes les nuances sans jamais perdre ce qui nous unissait : un attachement profond l’un à l’autre. Évidement, son existence, son statut qu’il aurait pu avoir, m’offrait une cape douce de ce grand-frère qui vous protège, qui veille sur vous. Il avait des parts d’ombres, des parts qui avait trop d’attente vers moi, un façon de me placer dans quelque choses qui me semblait me sûr valoriser. Il était exigeant. Mais ça ne fait que raconter comme moi je me place une exigence qui dépasse le raisonnable.

Je l’avais rêvé dans la complexité pour que cet onirique personnage ne m’échappe pas. Plus ses traits de caractères collaient avec une potentialité réel, plus j’avais l’espoir…. Plus demain semblait être vrai. Plus je pouvais croire à un réel différent de ce que je vivais.

Il était abimé, parce qu’on ne ressort pas indemne de ma famille. Mais ce n’était pas grave, même dans ces moments d’errances, on restait uni. Et puis, quand je ne pouvais pas éviter mon père, ses bras fraternel étaient un espace où je pouvais retrouver une protection, une consolance. Nous avions même ado une cabane..  Combien de fois, je ne me suis pas imaginé le rejoindre après les viols pour avoir un havre de juste amour. Jamais lui, dans mes projections, il n’entrait dans les codes de la violence de mon quotidien.

Je sais qu’il portait mes attente d’une société qui ne me regardait pas.  

Je ne me suis jamais projeté comme en sécurité avec des parents imaginaires. Non, c’était un frère. Pour une raison qui m’échappe, c’était là que je rencontrais la sureté qui manquait à ma vie.  

J’étais sûre que s’il avait existait, j’aurais un peu moins subit les violences. Peut-être que le simple fait de m’imaginer moins seule me rassurait. Et puis, il y a une part de moi qui à laisser ce rêve s’envoler, discrètement, sans faire de bruit.

J’ai laissé des hommes devenirs mes amis. Ils sont rares. Et tout est très (trop) codifiés. Ce son des amitiés où des certitudes existes et des limites sont stricte de ce que moi je laisse s’y déployer. J’ai laissé des femmes prendre cette dimension de sœurs de cœur avec moi.

C’est une fin bien étrange non? Parce qu’elle ne dit pas tout. Elle ne dit pas que finalement, on fait des contrats avec soi-même. On y met plein de certitude. Jamais personne ne serait “un frère de cœur” pour moi. Jamais est une fontaine à laquelle il est impossible de s’abreuver.

Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de ce frère imaginaire. Je n’ai plus besoin d’un grand frère qui me protège. C’est pour cela que mon cœur à pu s’ouvrir vers cette dimension relationnelle. Cette famille patchwork que j’ai cousu est magnifique. D’ailleurs, la personne qui prend cette couleur dans ma vie est tout sauf quelqu’un qui va chercher à me défendre, me sauver. C’est un rôle que je ne veux porter seule pour et vers moi-même. Cette relation est joliment riche d’aspects complexes, mais parce qu’elle est ce qu’elle est, dans l’intimité du lien, elle ne se déploie pas pas ici.

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