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L’automutilation, acte 1

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

J’entame ici un gros morceau, un sujet délicat qui demandera plusieurs textes à ne pas en douter. C’est une introduction

Dire que le corps à l’adolescence change, se métamorphose, c’est bien s’enfoncer dans une porte largement ouverte. Enfin, pas tant que cela. Qu’est-ce que le corps qui change pour une jeune fille ? Qu’est-ce que tout ce qui se vit en corps, en désir, en éros pose comme question à soi-même, à la famille, à la société et aussi au père incesteur ?  Bien qu’amplement exposé par le corps, il y a des ombres qui ne sont que de vagues silhouettes dans cette question. Pris comme un acquis, les changements du corps adolescent quand je l’étais moi-même n’avait quasi pas de place dans la pensée collective : changement hormonal, puberté. Et assez peu de lien de sens finalement. C’était un fait. Point. Les scarifications, les automutilations ne sont pas propres aux familles ayant des transactions incestueuses. Mais au fond qu’est-ce que ces gestes portent quand on vit dans une famille où l’inceste est la pierre angulaire de toute la structure familiale ?

« Nous constatons dans Œdipe-Roi, comme dans les familles incestueuses ou incestuelles, que la violence meurtrière ou/et automeurtrière se mêlent à l’inceste. Par violence automeurtrière nous entendons le suicide et l’automutilation car on peut considérer l’automutilation comme un équivalent suicidaire. » (Caillot, 2015).

L’évènement de la blessure auto-infligé n’est donc pas rare, pas une exception qui confirme une règle. Il raconte surement de nombreuses choses et illustre bien des possibles : la question de l’enveloppe corporelle, des ressentis, du contact avec le vivant. La douleur est un signe du vivant en soi quand tout n’est qu’un meurtre psychique à répétition. Et ce n’est là que de vague piste en écho à ce que moi-même j’analyse de ma pratique auto-agressive.

« Les prises en charge des personnes victimes d’agression sexuelle sont des prises en charge difficiles, souvent émaillées de passages à l’acte auto-agressifs : des automutilations ou des tentatives de suicide. Il faut traiter ces épisodes un à un, sans perdre de vue le travail d’élaboration sur le traumatisme initial. Si les épisodes se répètent de façon trop rapprochée, il peut être utile de proposer une pause dans la psychothérapie, et de revenir un temps à un travail basique de soutien sur les aspects pratiques du quotidien. »(Clervoy, 2016)

La littérature du coté du penser le traumatisme, l’inceste, la violence, a conscience de la délicatesse du sujet. L’automutilation est un symptôme de ce qui se vit, se travail, se met au travail.

Chez moi, cet acte, encore pratiqué, s’inscrit dans bien des recherches. Il y a cette enveloppe poreuse qui est la peau. Cette barrière entre le dehors et le dedans qui laisse respirer, pénétrer mais aussi sortir de nombreuse particules, sécrétions. C’est ce qui fait de moi une personne, ma frontière, celle qui me contient en tant qu’humaine. Cette peau, c’est ma membrane. Elle a été mise à rude épreuve. Et il y a toujours cette question du flou qui habite le corps violé dans l’inceste qui s’y balade. Il y a les traces de son contact sur ma peau dont je cherche surement à me défaire, inscrire une nouvelle sensation encore et encore dessus. Pour perdre ce feu toujours présent. Une réécriture sur le corps qu’il a gravé sans que cela ne se voit.

Je ne le fais pas n’importe où. C’est ma poitrine l’enjeu, le carrefour, la confluence de mon acte. Je pince avec mes ongles les pores de ma peau pour extraire le contenu de la glande sébacé. Il est blanc. En fonction de la puissance de mon geste, parfois, je saigne. Les jours qui suivent, c’est le sang coagulé que j’extrais. J’arrive aujourd’hui à gérer cette acte pour ne plus avoir de plaie, enfin très rarement. La sensation de douleur est très faible. Je ne sais pas si les seins sont faits pour avoir beaucoup de sensation. Je pratique ce rituel de violence vers moi-même depuis que ma poitrine se forme. Aurais-je par ricoché bien abimer mes terminaisons nerveuse ? Ne pas ressentir ? C’est de l’ordre du possible, probable. J’ai comme une zone anesthésié. Elle en avait besoin. Cet espace corporel était tantôt le lieu de ses branlettes, de ses éjaculations, de ses empoignades, tripotage « anodin » quand le corps n’était pas accessible car ma mère ou un témoin trop attentif présent dans les parages.

Je ne le fais pas n’importe quand. Mon objectif sous-jacents était d’abimer mes seins. Certes. Et s’ils les trouvaient enfin repoussant ?! Mais, il était aussi de refaire miens mon corps. Si je le blesse, c’est bien qu’il m’appartient. Il y a tout le poids symbolique à extraire une part de moi contaminé par lui. La couleur du contenu de la glande n’est pas sans rappeler ce qu’il mettait en moi. Je cherche encore à l’extraire de moi ce sperme. Le sang comme celui de mes cycles qui m’assurait l’absence de grossesse pour donner suite à celle qu’il a engendré après mes 15 ans. Je le sais. Je suis bien consciente qu’un de point sous-jacent à mon travail de fin d’étude touche au traces que mon père à laissé en moi. Je cherche, comme une quête un peu vaine, à le mettre dehors.

Cet acte s’ insert aussi dans une émotion qui est trop difficile à gérer. Quand j’ai besoin de juguler, de distancier, de tenir. Je reviens à ce geste.

J’ai trouvé des solutions de diversion. Je regarde des vidéos sur YouTube avec des extraction de kyste sébacé. Je les regarde en étant consciente des sensation que cela me fait vivre en moi. De ce relâchement quand la substance grasse sort. Je vis de relâché dans ma tension interne, ce soulagement de quelque chose qui s’extrait. Mon émotion s’apaise, se calme. Pas aussi efficacement que si j’étais passé à l’acte. Je vis ce petit truc qui contracte mon corps en regardant les images et cette libération qui parcours mon épine dorsale. Ce son souvent des vidéos asiatiques.

Je cherche dans tout cela à traverser ce qui me déborde. Il y a du plaisir, de la jubilation, du désir. Il y a un corps qui peut rejoindre un plaisir. Mon plaisir biologique. Faire autre chose de mon rapport à la souffrance. La quasi-absence de douleur est une coloration essentiel. C’est un acte profondément vivant chez moi. Mais ma poitrine est moche. Je me questionne toujours sur mon absence d’aréole marqué autour du téton. N’est-ce pas corrélé à cette zone que je me refuse à érotiser dans ma sexualité ? Elle reste un subit de mon propre corps. Cet espace corporel est vécu dans une tension, un rapport de haine, de dégout, de mise à distance. Elle est grosse ma poitrine, attirant des regard lubrique. Il m’est arrivé de voir des types la regarder et mimer la branlette. Oui, elle peu entourer, contenir une bite, un sexe gluant s’y mettant. Ah oui, cette petite fin dite espagnole ou le sperme peu gicler sur le cou, le visage. Non merci. Je n’y prends aucun plaisir, aucun désir. Je ne fais que retrouver l’étouffement quand j’y pense. Le corps de mon père assis sur ma poitrine, ma ceinture scapulaire remontant vers ma gorge. Non, vraiment, cette lubricité que mes gros seins semblent autorisés chez certains connard ne me parle pas.

Je reste dépendante au soulagement de la substance qui sort de moi. De ce qui doit se défaire du passé ou du présent qui me déborde. Je cherche constamment en m’en décoller. Je sais aussi que je dois éviter d’en faire des plaies. Sinon, j’élargis la blessures. Elle pourra prendre 1 ans avant que je la laisse cicatriser. Cette dépendance à la sensation n’est pas sans rappeler une addiction. Je le sais.

Références

  • Caillot, J.-P. (2015). Ambiguïté et paradoxalité. In Le meurtriel, l’incestuel et le traumatique (p. 29‑50). Dunod ; Cairn.info. https://www.cairn.info/le-meurtriel-l-incestuel-et-le-traumatique–9782100737833-p-29.htm
  • Clervoy, P. (2016). Chapitre 2. Les différents tableaux cliniques. In Traumatismes et blessures psychiques (p. 21‑87). Lavoisier ; Cairn.info. https://www.cairn.info/traumatismes-et-blessures-psychiques–9782257206619-p-21.htm

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