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IronAnne

Premier Shoot

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

La cave, la seringue, la nuit

Je suis en 6ième ou 5ième.Je ne sais plus exactement. Nous avons un frigo à la cave pour le coca et la bière. C’est mes parents qui ont favorisé mon addiction au coca d’ailleurs. Je descends. Je déteste aller à la cave. J’ai déjà croisé des nuisibles dans les escaliers. Mais je sais que ma mère est en bas avec une amie, puisqu’elle n’est ni dans le salon-salle à manger, ni dans la cuisine.

Les lumières de l’escalier et du bas sont allumées. Je suis rassurée. Parce que j’ai vraiment très peur quand tout est éteint en bas. Je laisse souvent la lumière du cave allumé quand je suis seule pour ne pas avoir trop peur quand je dois m’y faufiler. Je descends. Je ne suis ni discrète, ni bruyante. J’arrive au bas des escaliers. Je traverse l’espace jeux qui est là et qui est vide. Dans le bureau fait avec des parois en bois par mon père et grand-père, il y a le frigo à boisson. Je vais pendre une bouteille. Je m’attendais à voir ma mère avec son amie. Mais ce n’est pas le cas. Je tiens ma bouteille dans ma mains droite. Je n’entends aucun bruit. Pourtant, elles sont en bas. Où peuvent-elles être d’autre ?

Je me mets en quête. Ce n’est pas très grand. Il y a le bureau de mon père qui est vide, mon espace pour jouer qui l’est aussi. Espace qui sert aussi pour la peinture de ma mère. Il y a les voitures, 2. Il me reste à aller jeter un œil près de la machine à laver et du sèche-linge. Je vois l’amie de ma mère et ma mère. Elles sont trop occupées pour me remarquer. Elles sont assises au sol sur les cailloux. Ils sont là pour éviter les inondations. C’est un détail qui ne fait pas sens-là, pourtant j’y pense. Il y a un pull sur sous les fesses de chacune d’elles. Je vois un sac entre ma mère et son amie. Je suis là, figée plusieurs secondes. Je décrypte la scène. Je ne comprends ni les tenant, ni les aboutissements de ce que je vois. Ma mère dit « Anne », brisant leurs chuchotements secrets et faisant la lumière sur ma présence. Mais elle le prononce mal. Je ne vois pas ma mère. Je vois uniquement une grosse seringue dans la main de l’amie, une aiguille à perfusion dans le bras de ma mère et le tuyau entre la seringue et l’aguille. L’amie appuie sur la seringue. Il y a du liquide blanc dans cette seringue. Le mot seringue prend toute la place dans ma tête. La façon dont elle dit « Anne », je vais à partir de ce jour-là, l’entendre souvent. Le son de sa voix est mâchonné, balbutiant. C’est la première fois que ma mère se drogue.

L’amie de ma mère se retourne. Elle me regarde horrifier. J’ai surpris quelques choses que je ne dois pas voir, savoir. Je lâche ma bouteille de coca. Je n’entends même pas le son du verre qui éclate au sol. J’ai peur pour ma mère. Elle est en train de mourir ? Que se passe-t-il. À ce moment-là, je ne sais pas ce que je vois. Je cris « au secours ». Je me retourne. Je reviens sur mes pas.  Je me coupe la plante des pieds sur le verre brisé au sol. Ils sont d’ailleurs mouillés, souillé de coca.

C’est vrai, j’étais pied nu.

Je vais le plus vite possible.

Je préviens mon père à bout de souffle en arrivant en haut des escalier et courant vers le salon. Je ne sais plus ce que j’ai dit. Il descend. Je reste droite comme un i dans ce salon-salle à manger. Il passe à côté de moi. Et je suis comme ailleurs.

Le temps est flou.

J’entends ses hurlements. Je crois qu’il frappe l’amie de ma mère, et ma mère. C’est violent. Je connais cette violence. Ce n’est pas la première fois. L’air change de texture, de parfum. Il y a un arrière fond discret mais si présent de l’odeur du fauve rageux qui flotte. L’air se fait dense. C’est difficile de respirer. D’habitude, c’est sur moi que sa frénésie se déverse. Je sais que ce n’est pas acceptable de frapper sa femme, sa fille. Mais je suis prise dans la violence depuis si longtemps. Je ne sais pas en parler. Toute façon à qui en parler ? Je suis mal dans ma vie. Un peu plus, un peu moins. Si je parle, il me tue. Je le sais. Silence. Dans une lenteur qui tranche avec l’urgence que je ressens intérieurement. Je m’enfui dans mon lit dans des pas les plus lent possible. Je me fais aérienne, éthérique pour ne pas être perçu par les sens de mon père. Une fois dans ma chambre Je me mets en boule sous ma couette, au plus profond de mon lit.

Il hurle, encore et encore. Je me fais pipi dessus. J’ai très peur. Il va les tuer, j’en suis sûre. Et puis, il va me tuer.

Je ne sais pas combien de temps ça dure. Je suis là, en apesanteur. Demain, c’est dimanche. Je vais à l’église. J’ai peur. Je mettrais plusieurs heures, en tout cas, c’est comme cela que je les perçois à sentir ma douleur au pied. Surement l’adrénaline qui finira par tomber.

Sous une couette, on respire mal. On suffoque, l’air est chaud. Mais si je sors de là, c’est sûr, je meurs. Je ne veux pas mourir.

Je fini par m’endormir. Je me réveille au petit matin. Je n’ai pas fermé mon volet. La lumière m’extrait des limbes d’une nuit sans rêve. Je me lève le plus discrètement du monde. Je défais mon lit. Je retourne mon matelas, je change mon drap. J’ai dormi dans mon urine toute la nuit. Je change ma housse de couette. Je mets tout à laver. Je marche le plus secrètement possible dans le couloir. Ne pas faire crisser les carreaux désolidarisés. J’ai une technique digne d’une contorsionniste pour le faire. J’y arrive. Je suis toute nue dans le couloir. Je vais me laver. pas de douche. pas de bain. au lavabo. je me sèche.

Je retourne dans ma chambre. J’oublie le carreau de carrelage. Merde. Je ne respire plus. Je n’entends aucun bruit. Je m’habille. Je reste assise dans ma chambre. Le temps s’égrène. Je fais mes devoirs. Il est l’heure d’aller à l’église. Je sors furtivement. Je vais mettre mes chaussures. J’ouvre la porte de la maison.

Il arrive. Merde. J’ai très peur. Je stop le sphincter de ma vessie. « Tu vas où ! » me lance-t-il. Ce n’est même pas une question. « C’est l’heure de la messe ». J’essaie de le dire le plus normalement possible. Il ne répond même pas. C’est le cas. C’est l’heure. Il me fait juste un « oui » de la tête. Je sors de la maison. Je ferme la porte à clef. Il n’y a plus la voiture de l’amie de ma mère. Je ne la reverrais jamais. Je ne sais pas ce qu’il lui a fait. Je me souviens de son prénom. Il l’a tué ? Je ne crois pas, la police n’est jamais venu chez nous. Donc, je me suis toujours dit qu’elle était vivante. À ce moment-là, en fermant la porte, je ne sais pas si ma mère est vivante.

Je ne vais pas à l’église parce que je crois en dieu. J’y vais parce que je ne suis pas à la maison.

Je rentre après la messe. Ma mère m’attente dans le couloir de l’entré. Elle me gifle, sans un mot. Ça fait mal. Elle a le visage tuméfié. « Tu ne sais pas la fermer ! ».

Voilà. C’est ça. J’aurais du ne rien dire. C’est tout ce qu’elle me renvoie. J’ai eu peur pour elle toute la soirée, toute la nuit. Mais, je ne sais pas me taire. Elle est déjà alcoolique. Elle est obligée de me faire ça en plus ? Je le vis contre moi. A chaque fois qu’elle boit, c’est moi qui prends. Et a chaque fois qu’elle se shootera, c’est moi qui prendrais… C’est facile de violer sa fille quand sa femme est comateuse dans le lit. Au lieu de fuir dans les toxiques, prend nous et fuit de la maison.

Je l’ai aimé au plus profond de mon cœur et haï tout autant. Jamais, elle ne m’a pas protégé. Quand il me violait, ce n’était pas elle qui prenait. Elle m’a traité en rivale. Ce n’est pas une mère.

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