chapô - IronAnne
IronAnne
IronAnne

Se noyer de sa langue

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Elle est toujours là, à chaque baiser. Elle reste comme une ombre. Sa langue. Tout est dit, et pourtant il en manque tellement.

Il y a le souvenir de ma bouche, petite bouche d’enfant. Petite bouche qui ne veut éprouver que des expériences et des découvertes de son âge. Mais en réalité, c’est une petite bouche qui ne sait pas ce qui est de son âge. C’est une petite bouche d’enfant prête à faire couler goulument le jus d’un fruit sur son visage en le croquant en été mais qui crache du sperme. Une petite bouche d’enfant qui veut avoir 3 ans, 8 ans, 10 ans… être comme toutes les petites bouches mais qui n’est qu’un orifice utilisable par un adulte aux vertus carnassières.

Une bouche qui aime les bonbons. Une bouche qui adore laisser une Chupa Chups se coller à la paroi interne de sa joue. Une bouche qui trouve que les bonbons acides qui font fermer les yeux sont l’expérience la plus agréables et la plus désagréable en même temps. Une bouche qui se délecte des bonbon pétillant Fizz Wizz chaque dimanche après la messe. Une bouche qui adore les milles et une sensations que les aliments offrent. Une bouche qui aime en avoir trop dedans et devoir jongler avec ce débordement victuailles. Une bouche qui trouve que la texture de la pastèque gorgé d’eau avec si peu de chair est une expérience sensoriel captivante. Une bouche qui trouve que le gout de la pâte à gâteau pas encore cuite est l’expérience culinaire par excellence quand c’est fait avec l’amour de son grand-père. C’est une bouche qui désire plus que tous les plaisirs de l’enfance.

Mais sa réalité est tachée, salie, souillée, cochonnée, viciée par cette langue étouffante que mon père fait tournée en moi. Elle se sent léchée et noyée par la bave de cet adulte qu’elle ne peut recracher au péril de ma vie. Il me faut avaler le liquide chaud, sa salive, dont les gouts ne sont qu’un écœurement perpétuel. On respire par la bouche quand on veut de l’air, mais la mienne est prise par les traces incessante de ce steak gluant qui s’insinue, se goinfre du désir obscène d’un adulte. Il y a toute la nausée qui ne me quitte pas, jamais. Il y a le besoin de retirer ma tête en en arrière, de me dégager de là mais sa main qui m’en empêche et qui bloque ma bouche contre la sienne. Il y a sa main qui sert mes cheveux en même temps me signifiant ainsi mon asservissement sans échappatoire à ce qu’il a décidé. Ses baisé, roulage de pelle était les seuls où il a toujours dû m’imposer une contrainte physique. Etouffer donne une pulsion pour se dégager très puissante.

Je me souviens de la chaleur de ses lèves, de la pression écrasante qu’il mettait dans cet acte.

Aujourd’hui, j’ai presque 40 ans. Parfois, je ne sais pas avaler ma salive. Le souvenir de la sienne prend le dessus. Alors, le la garde en bouche en attendant de pouvoir la recracher. Quand je déglutis, j’ai toujours une crainte que sa bave, son escargot coule dans ma gorge. J’ai toujours une légère nausée avec laquelle je dois vivre.

J’ai été, je suis toujours soyons honnête, anorexique, boulimique. Je sais que ces baisers forcé dont l’érotisme n’était pas partagé est une des causes. J’ai appris à avaler le sperme sans vomir. J’ai appris à supporter le miel brulant de son écume. J’en ai même développé une phobie du vomissement. Parce que vomir, c’est le cracher, le rejeter, montre le dégout qu’il me fait vivre constamment. Et ça, il me pouvait le voir, le regarder sans me frapper de ce rejet vital qui était le mien.

Quand j’embrasse quelqu’un, j’ai sa langue qui est toujours là, chaque sensation de manquer d’air, chaque impression d’avaler quelque chose de l’autre que je refuse, d’être entaché de l’intérieur. Chaque fois, je feins que c’est plaisant. Chaque fois, je m’oblige à quelque chose qui n’est que coloré du dégout.

Sa langue est toujours là quand je mange. Car parfois, il s’amuser de me faire manger un truc pour jouer avec dans ma bouche.

Ma bouche a aussi du mal à déborder, à retrouver le plaisir de la gourmandise. Ma bouche fait comme si manger est un plaisir. Ma bouche ment à beaucoup de monde. Aujourd’hui, encore, et toujours, il n’y a pas que sa langue qui est là comme un fantôme. Il y a toutes les fellations. Ma bouche voudrais le vomir, sans fin. Mais c’est interdit, encore et toujours.

Pourtant, je n’ai pas l’impression que qui que ce soit comprenne cette horreur. Je fais toujours comme si tout va bien. Parfois, on le voit que cette bouche est un espace compliqué. Mais, c’est passager. Personne n’en saisit la difficulté tant dans la déglutition, que les textures, températures, toute cette sensorialité traumatisé. La bouche est le première espace d’investissement sensorimoteur selon Bullinger, qu’aurait il a en dire? La narrativité de tous mes repars, de toute mon oralité déborde, vomis de ces traces. Je ne sais pas ce qu’on saisi de ma tendance a trop parler. Elle reste coloré par la peur du silence mais aussi le besoin de mettre hors de moi tout ce qui n’est pas de moi.

Articles similaires

Partagez ce billet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *