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IronAnne

Stop. C’est lui ou moi.

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Nous sommes en janvier avant le décès de mon père. Je suis proche de mes 18 ans.

Il y a une réunion parent-professeur dans mon lycée. C’est la première fois que je n’appréhende pas cette réunion. Je sais que toutes mes notes sont au-dessus de la moyenne. Je sais aussi que j’ai cartonné en Chimie & Science physique. J’ai 19/20 de moyenne dans cette matière. J’ai 12 en français. Tout va bien. Je n’ai jamais été aussi compétente durant ses dernières années.

Mon père voit mon prof de physique/chimie. Il lui annonce ma réussite. Sachant que je passais s catacombe à la lumière, c’était formidable comme progression. Après ce prof, mon père est trop fatigué. Il est déjà mourant, mais je ne le savais pas. Il nous dit qu’on rentre à ma mère et moi. Il est furibond. Et je ne comprends pas. Nous rentrons vers la maison. Il est pire qu’une tornade qui passe dans le couloir. Il y a des regards d’incompréhension chez ceux qui sont dans ma classe sachant mes notes. Il y a aussi les yeux qui fixe le sol qui montre qu’ils savent que je vais prendre cher.

Mon père s’énerve sur moi au sujet de mes résultats de cette matière. Et là, c’est une espèce de fragmentation interne que je vis. Le sol se dérobe sous mes pieds. Je tangue. Nous allons dans la voiture. Je ne plus que l’incompréhension. Tout est irréelle, nuageux, cotonneux, flou. Je le suis le cœur battant, le souffle rapide, je n’arrive pas à expirer. Nous sommes dans la voiture. Je suis assise à l’arrière de la Civic. Il me hurle dessus. C’est violent. Mais comment puis-je comprendre qu’un seul entretient avec un prof le met dans cet état surtout dans le contexte de ma réussite !

Et là, après des hurlements incompréhensibles, il finit par être plus clair sur les causes de sa rage il est furieux parce que je n’ai pas 20/20. J’aurais dû faire un effort. 19/20 est inacceptable.

Nous sommes à une minute de la maison en voiture. On sort de la voiture, il ne se gare pas dans le garage mais sur le parking. Il me hurle dessus dans la rue. Personne ne réagit. On rentre. Il continue… je n’entends même plus ses vociférations. Je ne peux plus entendre. C’est trop. Ça n’a aucun sens pour moi.

Dans ma tête, je me dis qu’il devrait être heureux, fière du travail que j’ai fait, de la progression. Mais non, visiblement passé des abysses des notes au la lumière, ce n’est pas assez. Je croyais qu’il avait dépassé ça. Quand j’étais petite, j’ai très vite compris que je ne devais pas réussir mes études. Je devais rester sa chose. Mais, je suis quand même au lycée. C’est tout mon avenir qui est en jeux.

Nous franchissons la porte de l’appartement. Je me souviens juste de la sensation dans mon dos. Le souffle qui disparait, le choc, brut. Ça tonne en moi, mais c’est sourd. C’est une onde qui se propage. Je tombe en avant. Il m’a frappé dans le dos. C’est tellement puissant que je n’avais aucune autre possibilité que la chute. En plus je suis déjà dans un état second, abasourdi par la rage inappropriée.

Là je suis au sol. Je n’ose même pas me mettre en boule, en position fœtal. J’en ai marre.

Il se passe quelque chose en moi. Une sensation monte. Une espèce de force que je ne savais pas avoir. Je viens d’attendre, à ce moment-là, un point de non-retour. Une certitude. Là, c’est trop, c’est fini. Je me relève sans peur, sans terreur. En moi, une décision est prise. Il me frappe encore une fois, je le tue. Toute façon la taule ne sera jamais pire qu’ici. Pour moi c’est limpide. C’est lui ou moi, et moi je veux vivre, m’enfuir d’ici. Alors, je vais passer à l’acte.

Je suis là debout, solide, forte. Le monde n’a plus les mêmes couleurs. C’est fini. Il ne me touchera plus jamais. Je me retourne. Je le regarde droit dans les yeux. Un regard déterminé. Je ne suis même pas au défi. Je me dis juste que les jeux son fait. Et il me regard. Il comprend. Le point final est atteint. Ma mère va s’énerver contre lui. Elle va lui dire que pour un 19/20, c’est complètement disproportionné de réagir comme ça. Que c’est de la folie. Mais, j’attendais depuis presque 18 ans qu’elle ose l’ouvrir. Là c’est un peu tard. Je n’ai plus besoin d’elle pour me défendre. Elle a raté le train depuis longtemps. De quoi elle se mêle ?

Dans ce regard qui a dit tout ce que les mots n’ont jamais pu dire. Je vais dans ma chambre. Je peux lui tourner le dos. Il sait que la prochaine fois, je ne serais plus en boule. Je m’en fou. Dans 2 mois, j’ai 18 ans. Je serais jugée comme une adulte. Mais rien à faire Il peut crever. Il ne sait pas comment réagir. Mais il m’a fait faire du judo et de la boxe se con. Alors, il sait qu’en vrai je peux lui faire mal. Et il sent que là, je m’autorise à le faire.

Il va s’en suivre une engueulade qui dure entre mes parents. Moi je suis dans ma chambre, je mets de la musique sur mes oreilles. Je m’en fiche. Il est tard quand je sors de là. J’ai faim. Je vais me chercher de quoi manger dans la cuisine. On ne m’a pas fait à manger, mais peu importe. Je vais manger. Je n’en ai plus rien faire de leur règle, de leur merde.

Mon père chouine, beugle, bêle. Je cherche d’où vient ce son. Il s’est couché sur le sol du cagibi, en caleçon avec une chouette en guide de matelas, un coussin. Il fait sa victime. J’allume machinalement la lumière. Je le vois là. Il pleure qu’on ne l’aime pas, que nous ne le respectons pas. Sérieux ? En effet, je ne l’aime plus. J’éteint la lampe. Je ferme la porte.

Le matin même je n’aurais jamais osé ça. Mais là, je suis dans un stade entre mépris, et sentiment que là, il ne me contrôle plus. Ma mère vient vers moi à ce moment-là. Je la regarde. Je lance « Il me touche encore une fois, je le tue ». Elle sait que cette déclaration est ferme, définitive. Je vais passer à l’acte. Je sais ce que cette décision implique.

La santé de mon père va se détériorer. J’ai l’hypothèse que ce qu’il a vu de moi ce jour-là, il l’a compris. Il n’avait plus le pouvoir. Et il ne vivait qu’au travers de ça. Il va donc ne plus avoir de motivation à vivre. Il va surtout avoir un comportement infantile, morbide durant le mois qui suit. Il va mourir à l’hôpital un mercredi. Rupture d’anévrisme. Je vous en parle demain ; Ce jour là est toujours clair en moi. Le jour de la libération.

Il aurait pu décide de me frapper encore une fois, me mettre dans cette voie a 2 issus : mort ou prison. Il m’a laissé la liberté d’une issue que je n’avais pas envisagé.

Arriver à une telle pensée est complexe, moralement inacceptable. Je n’ai jamais eu envie de tuer personne en dehors de lui. Mais je savais que je n’avais plus d’autre issue que sa mort ou la mienne. En vivant la violence de trop quelque chose à changer.  Il n’aurait jamais dû me reprocher ma note. Elle méritait autre chose : reconnaissance. Mais reconnaitre c’est me faire être vivante, existante. Ce jour-là, en janvier, je crois que je suis née. Je crois que je peux le remercier de s’être laisser mourir. Je crois qu’il m’a sauvé la vie. Il m’a laissé le droit a une chance à moi.

Mercredi de la libération

Nous sommes à Fontaine-lès-Dijon. Voilà 2 jours que mon père est infernal à vivre, et c’est légitime. Il semble que sa santé se dégrade. Il a eu une MAPA, un dispositif de contrôle de la tension sur 24h. Il chouine comme un enfant, pleurniche et me gave les oreilles avec ce qu’il veut pour sa mort. Et je ne suis pas apte à le recevoir. Le moi passé, il a eu cassure. Cela fait d’ailleurs un mois qu’il ne m’a ni frappé, ni violé.

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