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IronAnne

À chaque fois, c’était la fin de mon monde

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Mon père aimait la brutalité sous toutes ses formes. La violence physique était un terrain de jeux qu’il affectionnait.

C’était un samedi matin, je n’avais pas école. Je dormais, non pas paisiblement, mais d’un sommeil suffisant, juste ce qu’il faut pour survivre. Je me souviens du souffle de la porte, de l’air qui se déplace et boursoufle ma couette. Je ne peux même pas penser à ce qui arrive. C’est une vague, une déferlante, je la sens s’abattre dans mon corps, dans mon être. La terreur submerge chacune de mes cellules. Je n’ai même pas la possibilité d’avoir conscience de ce qui arrive. Mais mon corps connait le rythme bestial qui débarque. C’est mon échine dorsale qui se crispe. Ma tête part en arrière, tout mon être est habité par la posture qui vient le mettre en extension vers l’arrière. Est-ce qu’il cherche à dire qu’il peut affronter cette sauvagerie ? Mais j’aimerais trouver la boule, la position fœtale pour protéger mon ventre. L’urine coule déjà de ma vessie. Elle est chaude. Je cours après mes muscles pour qu’ils se contractent, pour que cette chaleur cesse. Comment puis-je être une si petite fille qui se fait dessus ? Est-ce réellement la pensée prioritaire à avoir ? Pourtant, c’est tout ce qui m’habite. Je suis en colère contre ma petitesse de sale pisseuse que je me sens être dans l’instant. Et de ce corps qui s’étire vers l’arrière, de ce sphincter qui lâche, l’instant ne dure que le temps d’un soupir. Je suis encore impressionnée par tout ce que le cerveau peut vivre en un instant.

La crispation lâche et je deviens une poupée de chiffons. Ne pas résister, surtout, ne pas lui résister. Dans un mouvement brutal, vif, sans réflexion, sans anticipation, il me sort du lit. Il me jette au sol. À l’inspire précédente, j’étais encore tendu. Mais le corps veut encaisser en souffrant le moins possible. L’urine coule, mais ce n’est plus qu’un détail ? Se laisser naviguer à chaque changement de direction, ne pas s’opposer. J’atterri sur le sol de ma chambre. Suis-je morte ? Ses pieds rencontrent mon dos. Cela fait si mal. Une part de moi a eu peur, je crois, de finir en chaise roulante. Hors de question, j’aurais encore moins d’échappatoires. Je prends appui entre des coups qui tournent en boucle cette poupée de 15 ans que je suis pour trouver une force surhumaine. Et lui donner mon ventre. Qu’il tape dans le mou, dans le mou par pitié.

Il vocifère des reproches sur l’état de ma chambre. Il me hurle des mots au visage que je ne comprends même pas. C’est du bruit. Il n’y a plus rien qui peut penser. Je ne veux pas mourir. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que je ne lui cède pas ? Le bordel de ma chambre est un prétexte. Je suis enceinte. J’aimerais rompre le combat pour tenir. J’aimerais me laisser au rivage de la mort. J’aimerais cela avant tout. Mais je n’arrive pas à abdiquer. Jamais tu n’aurais cela.

Les coups de pied s’enchainent. J’entends sa voix, mais les mots m’échappent. 1 min ? 5 min ? 10 min ? Depuis combien de temps est ce que j’encaisse ? Est-ce aussi classe qu’un personnage de streetfighter qui se prend des aperçu ? ou n’ai-je l’air que d’un tas de graisse informe ?

Il arrête, épuisé, à bout de son propre souffle. Je m’appuie sur mon bureau avec sa main droite. Je ne le vois pas, mais je sens les contours de sa posture dans l’air. Il quitte la chambre et hurle.

Je reste là sur le sol. C’est rêche. Cette moquette est vraiment immonde, son rose chair est à vomir. Je commence à avoir mal. On n’a pas mal immédiatement. La douleur me déborde. Je pleure, mais pas trop fort.

Le lendemain, les jours d’après les hématomes de ce jour-là finiront par me rendre noir de coups. Le samedi suivant, je serais en cours de sport. Tout le monde verra mon état. Mais personne n’en fera rien chez mes profs. C’est l’élève qui est mon délégué qui fera remonter vers la direction de l’école que je ne vais pas bien. Rien ne changera. Encore. Au final, pourquoi je ne suis pas morte ?

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