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IronAnne
IronAnne

Aphonie : ma voix s’en est allée

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Un jour, un matin, m’a voix s’en est allée. Elle est partie en errance dans les terres froides de l’au-delà de soi. Elle a trouvé refuge dans un écrin de glace pour être protégée par une armée de louves dans un recoin des plus obscur, des plus arides de ma psyché. Perdu de moi-même, un matin, elle avait disparu et s’était arraché de mes entrailles. Dans ce congé phonatoire, j’ai perdu toute possibilité relationnelle entre autres parce que je porte/portais l’étiquette de bavarde. En réalité, j’ai surtout peur du silence, j’ai rempli l’espace de mots pour ne pas toucher à l’angoisse de l’insonorité.

Le jour où m’a voix est partie, c’était un mardi. J’ai eu peur. Le matin, depuis le décès de mon père : je chantais. Rien, désert vibratoire. J’ai essayé de parler, essayé de crier. Rien n’y faisait. Elle était loin voix. Mon cœur a palpité d’angoisse. J’ai cru mourir. Je suis allé chez ma mère. Je l’ai réveillé : elle cuvait. Elle s’est retournée pour m’ignorer. Après avoir insisté, encore et encore. J’ai fini par être là assise par terre, puis couchée sur le sol de sa chambre. Je me suis endormi. Je me suis sentie comme un animal abandonné. Quand elle a enfin émergé. Elle a commencé par me donner des coups de pieds. Elle a frappé de plus en plus fort. Ça n’a rien donné. Je n’ai pas émis un son. Elle est sortie de la chambre furieuse. J’ai pleuré en silence. Couché au sol. Elle est revenue et une douleur intense m’a prise. Un truc qui fait mal, qui arracherais un son a qui ne sais plus parler… mais rien. J’ai mis plusieurs secondes à comprendre. Elle m’avait enfoncé une aiguille dans le corps au niveau de la cuisse gauche. Vivre avec une mère infirmière ça donne accès à des « trucs sympas ». Elle m’a pris le crâne, tiré sur les cheveux. Elle a déchainé une rage que je n’avais jamais vu chez elle digne de mon père. Elle m’a trainé comme une poupée désarticulée. On était dans le salon. Elle m’a hurlé dessus, m’ordonnant de m’assoir. Et là sur la table, elle a mis une bougie. Elle l’a allumé. Elle a exigé ma main celle qui avait vu la fourchette s’enfoncer dans la chaire. « Tu as toujours peur et mal petite pute ». Elle a allumé la bougie « je vais te prouver que tu ne fais que du cinéma : tu ne sais pas ce qu’est qu’avoir mal. Moi, j’ai eu un méchant papa, un mari violent. Toi t’est qu’une pétasse pourri gâtée. Tu veux toute l’attention, t’est qu’une merde ». Elle a retourné ma main pour que le feu brule ma chair. J’ai tout fait pour hurler mais aucun son.

J’ai passé 1 semaine dans ma chambre, seule. Elle a soigné ma main pour cacher les traces de son geste. Elle avait été infirmière en service de grand brulé. Elle savait gérer.

Après 1 semaine, elle devait justifier à l’école mon absence à un moment plus proche que lointain. Elle m’a donc envoyé chez l’autre incompétente de médecin de famille qui me dira plus tard que je suis une perverse qui fantasme sur mon père.

Il n’y a pas tant de travail que ça sur l’aphonie psychogène. Celle qui trouve sa cause dans la tête plutôt que dans le corps. Cela arrive dans le cadre de strangulation, de viol oral, de décès. J’avais le trio gagnant : mon père venait de mourir, je rencontrais avec fébrilité mes premier souvenir que j’acceptais de regardait en face : lui m’écrasant la trachée et les viols oraux.

Au réveil m’a mère m’a dit d’arrêter de faire mon cinéma à sa façon. Elle m’a dit que dans cette famille, il n’y a qu’une personne qui souffre et ce n’est surement pas « la petite pétasse » que j’étais. « Petite pétasse », elle aimait me le dire. J’ai fini par pouvoir voire ma généraliste. Après quelques jours, je me suis retrouvé en hôpital psychiatrique.

Le psy du service de pédopsychiatrie n’avait plus de place pour moi, mais vu mon état, il m’a hospitalisé dans une chambre d’isolement qui n’était pas fermé. C’était très dur. Le décor était blanc, vide, anxiogène. J’étais en cellule. Ce n’étais pas différent d’avant. J’étais toujours bonne pour la prison qui cache son jeu.

Il m’a demandé de faire un dessin.

Je m’en souviens. Ça m’avait fait penser à l’incompétent qui avait décomplexé mon père en primaire. J’ai écrit et dessiné autour d’un désert aride fait de glace au craquelure similaire au désert dont l’eau est arrivée et partie trop vite. J’ai parlé du monstre paternel. Il rigolait. Il trouvait que je mentais bien. CONNARD.

Ma mère est venue me voir avec son père à l’hôpital. Un homme que je n’avais jamais vu qu’une fois debout sur son balcon (mon baptême ça ne compte pas, je ne m’en souviens pas). Là, je savais ce qu’il lui avait fait. Et elle me l’a ramené. J’ai senti la puissance de la trahison. J’ai eu peur qu’elle me vende à lui. Et surement qu’elle n’aurait pas réagi s’il m’avait violé comme il l’avait fait pour elle.

J’ai feint la joie de le voir alors que j’étais terrifiée.

J’ai perdu ma voix, et personne n’a interroger les viols. J’ai essayé de l’évoquer. Mais ce n’était pas très intéressant. Et pourtant c’est une cause. La strangula-quoi ? le sperme gluant qui coule dans ma boucle et me noie. Non vraiment, les pro sont aveugles.

Au bout de 2 mois, elle est revenue. JE ne crois pas qu’elle soit revenue parce que j’allais mieux. JE crois qu’elle est revenue parce que ce crie en silence s’est avéré aussi inefficace qu’être hurlante de douleur sur un palier d’immeuble.

J’ai perdu ma voix, personne n’a entendu. J’ai crié, personne n’a écouté. Que faut-il faire pour sauver les enfants ? qui les écoute ? qui les voient ?

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