20190712_000403_0000.png
Picture of IronAnne
IronAnne

Doucement, mais surement

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Le surnom « Picsou » a insinué très vite ses conséquences. L’école était pour moi l’échappatoire, l’ailleurs où j’existais encore un peu, malgré le CM1 qui fut dur, uniquement avec l’enseignante, mais j’avais des amis et la dynamique sociale était gérable. Les conflits étaient abordables.  Le collège fut un temps d’isolement qui m’a abimé en profondeur. Je n’avais pas beaucoup d’amis, mais cela m’était ok. C’était le reste qui devenait étouffant : la violence de mes camarades à caractère sexuelle dont ils ignoraient surement la dimension (je détaillerais demain).

J’avais, avant tout, comme acquis mon identité. Mon grand-père s’étant assuré qu’elle soit une de mes ancres. Mais, cette dernière s’est diluée, devenu presque inaccessible. Et cette blessure me poursuit encore aujourd’hui.

J’étais donc dans un collège privé. Et il y avait tout une codification langagière. J’étais officiellement « Mademoiselle Piccin » alors qu’en primaire j’étais Anne Julie Piccin. Anne Julie m’avait quitté au profil de mademoiselle. Le « ma – demoiselle » me gênait. Je ressentais l’appropriation, l’objet humaine que j’étais ainsi devenue. J’étais devenue la propriété de l’émetteur du mal. Avant d’être marié, on était donc « la demoiselle de quelqu’un », la chose, la propriété. Et forcement, une part de moi me savait l’objet de mon propre père.  Oh oui, surtout qu’à cette époque, il me disait que j’étais sa petite fiancée. Et me voilà devenue l’objet de qui le voulait.   Toutes les enseignantes et tous les enseignants utilisaient quelques choses de mielleux dans ce “mademoiselle”, comme s’il fallait y mettre une dimension en plus qui échappait à la compréhension mais qui se savait comme une évidence tacite. Dans le ton, il y a quelques choses qui dévoile l’intime de la propriété en devenir qu’il ne faut pas laisser devenir sauvage, libre.

Les garçons, eux, étaient des « monsieur X » mais on ne dit pas « mon sieur ». J’étais frappé par la différence entre l’écrit et l’orale de leur titre. 

A chaque fois qu’un prof disait « Piccin », un bon vieux Picsous sortait du font de la bouche d’un petit connard. Un fils « de ».  Alors, il avait son passe-droit de bon petit pratiquant, fils de, enfant de cœur, notable du coin, marquant dans ses mots, ses gestes qu’il nous étaient supérieur. Il avait été biberonné à la suffisance et à la certitude de ses facultés dépassant les nôtres. Je n’avais aucun levier pour le contrer. Il le savait et il en profitait.

Dans l’école, seule 2 personnes m’appelaient par mon prénom. Pour le reste des gens, j’étais Picsous.

J’en ai parlé à mes parents, il s’avère que cela a fâché mon père. Nous avons vu la mère du fils de qui avait un rôle dans l’école. Il a exigé des excuses, etc. il a obtenu facilement gain de cause.

En réalité, cela n’a rien changé. Le lendemain, le fils de est venu me dire « alors, tu va chouiner, ma mère vous a trouvé ridicule. Tu ne sais pas encaisser ça, tu vas finir clocharde ».

Pendant 2 ans, je n’étais plus que ce surnom.  J’ai senti ce qui faisait mon identité comme remis en question. Encore aujourd’hui, je navigue sur la question de l’identité, mon identité.

Articles similaires

Partagez ce billet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *