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IronAnne

Elle sort du bus

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Mon père est mort depuis quelques semaines. 3 mois peut-être 4. Je ne sais plus pourquoi, je suis entrain de regarder par la fenêtre de la cuisine. Je suis seule chez moi. J’ai juste le souvenir de regarder dehors dans le vide, dans le vague.

Un bus arrive du centre-ville de Dijon. Ma mère sort de ce bus. Et je m’effondre intérieurement de honte en moins d’une fraction de seconde.

Je me souviens de ce sentiment qui prend de l’espace dans mon cœur, de mon souffle qui sort lentement et comprimé de mes poumons, de la quasi impossibilité d’ouvrir mes bronches. Tout mon système respiratoire s’aplatissant, s’affaissant sur lui-même. Je souvenir de devenir toute, toute petite. Je cherche anxieuse du regard qu’il n’y personne que je connaisse aux alentour avec qui je vais à l’écore soit là. Je supplie l’univers que personne ne la reconnaisse.

Elle marche, débraillé, en pyjama dans la rue. Elle est en pyjama. La honte à sa part de colère. Ce pyjama y touche fortement à la colère. Personne ne pouvait savoir que c’était son pyjama. Mais moi, je le savais. C’était de vieux vêtement de sport.

Elle titube, la bouche vaguement ouverte. Elle pourrait presque baver. Elle a l’œil hagard, vide. Je sais dès que je la vois qu’elle est défoncée. Et sa démarche n’en est que la triste confirmation. Je souviens m’être dit s qu’elle est tellement défaite qu’une voiture pourrais l’écraser que ce ne serait pas si grave au fond Je serais SDF, je suis adulte. Tout le monde s’en fichera de moi, de mon avenir. Et ce n’est pas sur mémé É que je pourrais compter, que je voudrais compter. J’ai dépassé les 18 ans. C’est déjà depuis longtemps le glas de tout aide sociale à l’enfance et quand j’avais essayé d’avoir l’aide d’un éducateur juste avant mes 18 ans, j’ai échoué. Encore. J’allais avoir 18 ans, il n’allait pas commencer à m’aider.

Pourtant, je suis encore une enfant. Je suis fragile, j’ai besoin d’avoir une vraie famille, de grandir.  Je me dis que je pourrais peut-être proposer à l’une ou l’autre personne de mon école de vivre en colocation avec moi. Là, en ce tout petit temps, je m’imagine des portes de sorties, des possibles.

J’ai honte. Elle me dégoute. Je la hais. Je la hais parce que je l’aime. Je l’aimais à en mourir. J’aurais aimé qu’elle m’aime à en mourir. Mais c’était moi qui l’aimais autant. J’ai failli crever étouffée pour elle. Je l’aimais. Mais elle, non. Elle disait à qui voulait l’entendre que si. Mais, je sais la vérité. On n’aime pas son enfant quand on lui impose ça et qu’on ne la laisse pas franchir la porte de sortie cette nuit là où j’ai été me réfugié dans le foyer à Ahuy.  

Je reste là, à la regarder dans son déplacement presque sinusoïdal. J’ai le corps vide. Je me sens aplati, invisible. Je veux disparaitre, que personne ne me voit, ne la voit. Pourtant, de là où je ne suis personne ne peux me voir. Et je souhaite en fort intérieur était encore moins perceptible. Ai-je été visible aux yeux des gens à qui j’ai crié à l’aide. Mais malgré tout. Je ne veux que personne ne sache que celle que je regarde là est ma mère.

Je vis ce paradoxe. Si toutes les personnes du monde sont des malades alcooliques à mes yeux. Si mon cœur sait oh combien c’est une maladie. Je ne peux accorder cela a ma mère. Parce que j’étais l’enfant qui a payé ses fuites dans l’alcool et la drogue par les viols. Elle échappait, aux viols en ayant ce comportement mais me livrais ainsi en pâture à ce monstre. Ce qu’il y a de pire, c’est qu’elle a dit à une de ses sœurs qu’elle croyait qu’il avait fait ça. Ben ouais connasse, tu aurais dû agir sur un simple doute. Ce n’est pas une malade qui se drogue, prise dans l’enfer de l’addiction que je vois. Non, c’est un déchet. Pourtant toutes les personnes qui sombrent dans cet enfer sont malade à mes yeux. Mais, elle s’était ma mère. Elle ne m’a pas sauvée, protégée. Je n’arrive toujours pas à avoir un regard sur son vécu avec la réalité qu’elle était malade. Parce que j’ai trop pris. Parce que mon cœur crie encore aujourd’hui combien je voulais qu’elle me protège, me sauve de l’enfer. Elle pouvait me sauver d’elle-même. Je voulais qu’elle m’abandonne, qu’ils m’abandonnent. Parce que l’enfer des foyers que je connaissais dans leur réalité par mes camarades de cours. Camarades qui y étaient, en réalité n’était pas aussi dur que ce que je voyais moi dans ma vie. C’était juste « un tout petit peu moins dur ». Et j’en était là, à rêver d’un petit peu de moins dur.

Elle est montée. J’ai entendu son corps rebondir dans l’ascenseur, trop ailleurs pour tenir l’équilibre de la monté vers chez nous. Puis je l’ai entendu s’éclater contre la porte. J’aurais pu l’enfermer dehors, j’en aurais eu le temps. J’aurais pu me protéger le temps qu’elle redescende vers le réel couché devant la porte de chez nous. Je n’y ai pas pensé. Je ne suis pas comme ça. Elle l’aurait fait pour moi.

Elle est rentrée. Je me suis retourner quand elle est arrivée, je suis resté dans l’embrasure de la porte de la cuisine. Elle m’a dit « t’est lààAAaaàhhhh grooooooooooosse vaaaachE ! » avec l’aigreur méchante d’une voie pâteuse . J’ai eu l’envie de lui sauter dessus, de la taper en répétant « je ne suis pas une grosse vache ! Je ne suis pas une grosse vache ! Pouffiasse ! ». Mais je suis restée meurtrie là. Je suis restée vide, enfin non, remplie de désespoir. Elle est allée vers le salon. Elle a voulu s’assoir à table mais elle est tombée de sa chaise. Elle n’avait pas d’équilibre. Elle a rigolé 2 ou 3 seconde après avoir percuté le sol de ses fesses. Je trouvais ce rire digne d’un film d’horreur. Son visage était monstrueux. Un rire venu de l’enfer, cruel.

Elle est restée là, assise, sans réajuster sa position. Elle a ouvert son sac.

Et j’ai compris.

Elle avait été au Gallérie Lafayette. Et, elle avait encore volé des trucs. du maquillage. un portefeuille. encore.

J’ai quitté l’embrasure de la porte. J’ai pris à droite, vers l’espace nuit.

Ma chambre.

Je suis montée dans mon lit. Je l’avais depuis quelques semaines :  un lit en mezzanine acheté avec l’argent de mon dernier job d’été.  Je n’ai même pas pleuré.  J’ai pris un de mes CDs de l’intégrale de Goldman. Et je l’ai écouté en boucle.

Je me souviens juste qu’après cette honte. Il y a une absence à moi-même. J’avais eu cette pulsion d’agression. Et je n’y ai pas cédé. Mais c’était intense. Je suis resté là avec ma musique, dans mon nid. Loin du sol, loin du monde. Je me suis endormie. Et c’était le lendemain matin. Je suis allée en cours.

J’avais honte de ma mère. J’insiste. Je sais que les personnes qui subissent l’addiction sont malades. Je ne sais juste pas rencontrer ce point avec elle. Parce que je l’ai subi d’une façon atroce. Je me souviens juste que ce jour-là, j’ai décidé que j’allais aller à l’internat de mon lycée. Mais, cela ne m’a pas sauvé au contraire. La CPE en chef ne pouvait pas me voir en peinture. Il y a encore quelques années, je me souvenais de son nom. Plus maintenant.

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