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IronAnne

Les yeux se perdent, s’égarent…

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

France – Fontaine-lès-Dijon – 14/15 ans.

Mon regard sombrait souvent dans un ailleurs intérieur, déconnecté du monde. La vue se floutait. Je me devais de faire abstraction. J’ai vu des couleurs se mélanger, s’envoler, des idées chimériques rencontrer Hérode, Ulysse 31 explorer le monde triste de Candy, Pégase chevauchant au côté d’Éos, Séléné embrassant le front fatigué d’un chevalier du zodiaque. J’ai voyagé dans des probables impensables pour ne pas penser le corps.

Je sentais toujours mécanique des engrenages anatomiques qui étaient mien. Des clics, des clacs, des grincements. Sons du tréfonds de mes entrailles rouillées par les larmes qui corrodait les rouages articulaires pour contrôler le flux lacrymal à tout prix.

Le fils de mémé Marie me raconter l’oiseau bleu, le conte. J’en avais un dessin précis dans ma tête de cet oiseau. Il était aussi majestueux que l’aigle noir. Le bec d’or, les yeux au reflet de l’émeraude, une couronne de cristal avec un saphir sur la tête. Il se lovait près de moi de ses plumes soyeuses. Il caressait ma peine. J’ai accroché à l’image plus qu’au conte dont l’histoire ne m’a pas marqué.

Je me souviens bien.

Il vient derrière moi, mes yeux sont clos. L’eau frappe mon front dans un rythme apaisant. Je suis nue sous une cascade chaude, dans une nature grouillante de vie, de chant des plus lyrique mésanges. Il est là, dans mon dos. Malgré l’eau, son plumage reste sec et me caresse. Je ressent la douceur d’une peau sèche câlinée par un duvet soyeux. Sa tête vient se glisser contre mon cou. Elle descend doucement sur ma poitrine. Son long cou permet à cette délicate calotte bleu d’explorer mon corps. La tête descend vers mon nombril, repasse vers ma hanche droite. Il me retourne. Je danse, je virevolte, légère. Mon dos rencontre les rochers présent sur la gauche de la chute. Il effleure de son bec ma joue. Il est beau majestueux et ne me veux que du bien. Ses deux grandes ailes m’enlacent, m’étreigne. Il ne dit jamais rien ce beau volatil. Non, il a un regard doux, bienveillant, tendre. Il me veut du bien, et c’est important pour moi. Ma tête part légèrement en arrière. Je suis en sécurité  dans ses ailes. Il danse, berce d’avant en arrière, comme pour apaiser la noirceur de ma peine, pour y mettre de la couleur. Je me laisse aller à son rythme. Son cou s’entrelace autour du mien, encore. Je peux reposer en toute confiance ma tête sur ces plumes imperméables. Il a des yeux d’émeraude, des yeux qui ouvre vers d’autre cieux, vers des pays encore plus beaux. Le temps est suspendu. Il me berce, encore et encore. Il est beau. Il m’aime pour ce que je suis.

Il s’éloigne. C’est le déchirement. Il s’efface.

Une larme couleur sous le filet d’eau de la douche. L’avantage de l’eau, c’est qu’elle ne montre rien des larmes. Elle les camoufle. Il n’y a plus de superposition à la réalité, d’échappatoire. Il y a la sensation du sperme qui remplis ma cavité et la fourchette vulvaire qui me fait terriblement mal, soumise à la pression de ce trop plein dans mon vagin. Mon dos est plaqué contre le mur  gauche de la baignoire avec son carrelage glaciale. J’ai mal aux épaules.

Il a fini. Il retire sa tête de mon cou. Il fait un quart de tour sur la droite. Il se lave. Il sort. Et je suis là. Sans bouger. Sans rien. Je suis à nouveau seule. Il a fracturé cette douche qui été mienne. Je me lave avec délicatesse la vulve irritée. Il y a la sensation de brûlure. Les larmes coulent en silence. Je prends la pomme de douche et je rince mon sexe. Il m’a appris à le faire petite. Je le fais bien. Je sors. Je m’essuie. La porte de la salle de bain est ouverte, comme toujours. Il me lance au passage de mettre ma ligne dans la machine qui est juste à coté de moi. Tant que j’y suis, aucune trace.

Je vais dans ma chambre nue. Je sais que si je garde quoi que ce soit, il me frappera.

Ma chambre est toujours en face des WC dans cet appartement. Rien ne change. Quand je vais m’habiller, il a comme par hasard besoin d’aller aux toilettes. Il me regarde. Je ne dis rien. Je ne ressens plus vraiment quoi que ce soit, si ce n’est la douleur au niveau de mon sexe. Mais si je le touche, si je m’en approche, il bondira des chiottes, me plaquera sur le lit. Et me dira que je suis une visseuse. Et il mettra les doigts dedans.  Alors je m’habille. Je trouve un pantalon qui ne me sert pas trop, une culotte plus ou moins à ma taille, un t-shirt informe, une brassière.

Je mets juste un peu de crème pour le corps qui sent bon les airelles. Je l’ai acheté au body shop. Il brise le silence « C’est bien, tu auras la peau douce. » avec un ton professoral.

Rendez-moi l’oiseau bleu et son saphir qui orne sa tête, son bec d’or, sa douceur, sa tendresse, son amour. Rendez-moi l’irréelle. Mon esprit à donner un sens maladroit a la mécanique du viol, juste pour fuir assez loin. Mais il n’a pas pu supporter la surcharge finale. Il s’est perdu, le corps a repris le contrôle. Dissociation…

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