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IronAnne

L’intime

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

On peut lire dans différents ouvrages que l’inceste aurait lieu dans l’espace de l’intime. Et franchement, je ne le crois pas. Dans l’inceste, il y a quelque chose de l’ordre de l’absence de l’intime pour moi. Le contexte dans lequel j’ai grandi m’a montré ce point.

L’intime n’était pas conceptualisé, intériorisé, créé. Quand on lit les définitions qui drape ce mot et ses concept le mot profond revient systématiquement.

L’intime donc (issu du CNTRL pour la définition)

  • Par rapport à la vie intérieur. Qui se situe ou se rattache à un niveau très profond de la vie psychique ; qui reste généralement caché sous les apparences, impénétrable à l’observation externe, parfois aussi à l’analyse du sujet même.

Je n’avais pas le droit à cette vie. Ce n’était pas moi qui étais caché sous les apparences. C’était leur acte qui était caché. Je n’avais pas ma place dans cette idée.

  • En matière religieuse. Qui permet une appréhension directe, une saisie plus ou moins automatique par le dedans ; qui est immédiatement accessible à l’intuition du sujet, spontanément connu de lui seul, non communicable.

Je n’ai pas eu de connaissance de cette intime. J’ai d’ailleurs eu le désir de me rapprocher de la religion. Mais je n’ai pas pu. Nous allions à Cîteaux à la messe. Mais jamais je n’étais seule.  Je n’y avais pas l’espace pour accéder à ça. Je n’ai pas une possibilité de saisir le sens dans le quotidien du vécu. Je n’arrivais pas a appréhender que je subissais.

  • Qui constitue fondamentalement les caractères propres de tel individu, sa nature essentielle ; qui se rattache à ce qu’il y a de plus personnel en lui.

Je n’avais pas de possibilité de réellement développer cet aspect. J’ai été fait objets. Le peux que j’aie pu mettre en place était infime. Je devais absolument me conformer à leur projection. Être moi, ce n’était pas possible.

  • Notamment en matière artistique et particulièrement littéraire. Qui a la vie intérieure profonde (de tel individu) pour objet d’étude ou pour inspiration.

J’ai vécu beaucoup de solitude. Ma vie intérieure n’allait pas dans le sens de la richesse. J’avais l’impression de vide constant. La lecture par exemple avec ma dyslexie n’a pas pu s’explorer à cette époque pour me porter vers autre chose. Aujourd’hui, j’ai le goût de la lecture, de l’imaginaire.

  • Ce qu’il y a de plus profond, de plus essentiel, de plus original chez une personne. L’intime d’une pers., d’un trait humain.

Eh bien, ceci je ne l’ai subi que dans la fracturation, l’interdit d’aller aux toilettes en fermant la porte, les douches … tout était brisé pour être sous contrôle.

  • Qui favorise l’épanouissement de la vie intérieure profonde, la méditation, par son isolement, son calme feutré. En parlant d’une atmosphère

Rien n’a été favorisé en ce sens. J’ai fui dans des écoutes de la musique.

  • Qui constitue ou concerne ce qu’il y a de plus profond (dans telle chose) ; qui se situe ou s’exerce à l’intérieur (de telle chose). En parlant d’une chose, d’un processus concret ou abstrait.

J’ai pu développer tout ceci après mon départ de la France.

  • Qui est strictement personnel et généralement tenu secret, préservé des curiosités indiscrètes, le plus souvent par pudeur.

Comment aurais-je pu vivre ça ? où ? dans quel temps ? Mon père n’a jamais respecté ça. Et ma mère avait trouver mon journal intime une fois. Elle l’a lu. Elle s’est moquée de moi. J’y parler de l’ado. Elle m’a dit que j’étais perverse.

  • Qui appartient à la vie physique la plus secrète, à l’anatomie généralement cachée de quelqu’un.

Dans l’inceste, je n’ai pas vu ça. C’était pénétré…

  • Qui concerne la vie sentimentale ou sexuelle secrète de quelqu’un.

L’inceste est à la sexualité ce que le jardinage est à un coup de pelle. Pour utiliser la célèbre image que l’ont vu sur le net, avec justesse sur le viol. Il n’y avait pas de « vie sentimentale » ou de vie sexuelle. Non, loin de là.

  • Qui dénote l’amour, le désir, des rapports privilégiés (entre deux êtres).

Non, c’est évident. Je n’ai pas eu de rapport privilégié. Je n’ai consenti à rien.

  • Qui se manifeste, s’exerce par un contact charnel étroit, par une union sexuelle.

Quand ce n’est pas consenti, voulu mais subit, ce n’est pas un contact étroit. C’est quelque chose qu’on impose à soi.

  • Qui exprime, trahit la vie sentimentale ou sexuelle secrète de quelqu’un.

Je ne vais pas radoter. Ce n’est pas ce qui se passe dans l’inceste

  • Qui est agent ou objet d’amour, de désir pour quelqu’un.

Je n’ai pas eu de désir pour et vers lui.

  • Qui favorise l’épanouissement de la vie privée, par sa situation retirée, à l’abri des regards indiscrets, par ses dimensions réduites, protectrices, par son luxe douillet.

La lecture de mon enfance donne l’évidence que jamais ce ne fut ça. Je n’étais pas à l’abri des regards indiscret. J’étais à l’abri des regards qui l’aurait conduit en prison.

  • Qui concerne la vie privée, en famille ; qui se caractérise par une grande chaleur affective, un accord profond, un bonheur paisible.

La chaleur affective n’existait pas, ni le bonheur paisible.

  • Qui représente des scènes d’intérieur ou qui évoque l’existence familière quotidienne, sans apprêt.

Les viols ne sont pas une scène d’intérieur. Ce sont des agressions

  • Qui est très proche, profondément lié par la parenté, l’affection.

Ils ne m’aimaient pas. Ils me possédaient.

  • Qui favorise l’épanouissement de la vie familiale, affective, par un confort satisfaisant, des agréments peu apprêtés, un charme simple, donnant une impression de bien-être.

Je n’ai pas eu ma place dans le bien-être. Tout était volé, abimé, égratigné.

  • Qui a un caractère d’amitié profonde, confiante, portée aux échanges spontanés, aux confidences sans réserve.

Non, je n’ai pas vécu ça.

J’ai vécu l’absence d’intime. J’ai grandi dans un espace ou la vie intime et personnel n’avait pas de place. J’ai grandi dans l’effraction, le vol, la destruction de toute les part de moi. Oui, j’ai gardé une toute petite flamme. Les mots ont leur poids, le sens. Les mots portent beaucoup. Je ne supporte pas de lire que l’inceste entre dans l’intime. Parce que j’ai grandi dans un climat qui m’a montré que l’intime n’avais aucune place, aucune porte. Quand même mon journal intime ou je parlais de viol a été amusé, négligé et soumis au collibert. Non, dans mon enfance je n’ai pas pu entrer, développer tout ça.

Aujourd’hui, l’intime, le contact, tout est dextrement sensible pour moi. J’y suis plus que vigilance.

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