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IronAnne

La solitude

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

La solitude est une de ses réalités complexes que j’ai vécues et que je vis encore. Il y a un isolement dans la foule qui est bien là, surtout entouré de gens que je connais. Un prisme s’installe.

Je suis fille unique et mes parents m’ont profondément isolé et façonné pour fonctionner dans leur royaume. Ceci, c’est fait dans une stratégie à long terme. Ce que j’ai subi à selon moi altéré mes capacités relationnelles.

Là où certains trouvent que je suis sociable, moi je me sens terriblement inadaptée. J’ai du mal à suivre le flux des échanges ; à savoir ce que je dois faire ou encore ce que je peux faire. J’ai toujours l’impression de manquer des bouts de conversations et que ce que je manque, ce qui m’échappe est pressenti comme essentiel. Il y a aussi un mécanisme touchant à l’hyper vigilance dans les situations sociales chez moi. Tout capter, pour ne négliger personne, répondre à tous, être là pour tout le monde. Rater une info, c’est prendre un risque, un risque social. Il n’est pas rare que dans un échange, sans percuter au contexte, je raconte ma petite vie, les trucs que je veux dire. Ce n’est pas que l’autre ne m’intéresse pas, mais c’est une pulsion de mots… Et je blesse l’autre, comme si je ne le considéré pas. C’est maladroit. Pourtant, ce n’est pas ma recherche. Et je me dis souvent « ne dis rien » et les mots s’échappe de moi. Combien de message en chat, je n’ai pas effacé sans les postés. Combien de fois, toujours en chat, je n’ai pas atterri comme un cheveu sur la soupe. Ce qui contribue à mon sentiment de solitude, ce qui me met en marge. Quand on blesse l’autre parce qu’on ne sait pas faire, on a mal d’avoir fait mal. C’est une chaine et une spiral de l’effondrement de la capacité social.

Il est facile de croire que je me mêle de tout en sûr captant les échanges verbaux, ce n’est pas le cas. C’est bien plus complexe. Je peux donner l’impression que je crois qu’on parle de moi, mais ce n’est pas ce que je vis. Je sais que mon cerveau a perçu un mot, une intonation qui attire mon attention et la dévie. Et mes travers, mes incapacités refont surface. La pulsion des mots prend toute la place. Je n’ai rien pu dire par le passé, aujourd’hui, peut-être que je veux tout dire ?

Ce genre de chose, je le sais : agace, gène, dérange, est vécu comme envahissant… une « mêle tout ». Et pourtant, au fond de moi, c’est à des années lumières de ce qui se joue. C’est profondément autre chose. C’est l’idée de ne pas être à sa place et surtout de ne pas avoir expérimenté une construction de l’interaction social dans ses racines ajustées au monde tel qu’il est, mais ajusté a un microcosme tel qu’il ne devrait pas être.

Je vis mal toutes les interactions sociales. J’y suis superficielles, mes propos sont maladroits, mal adapté. Mes phrases parlent souvent de moi, parte de comparatif qui sont usant pour l’autre. Ce qui est d’apparence égotique, cache en réalité cette vertigineuse inadaptation. Je construis encore, tel une enfant mes référentiel de la communication, de la relation à l’autre.

Vous savez, le pire, c’est que j’avais des activités sociales : danse, puis judo, puis boxe française, puis kayak et musique, puis… plus rien que la solitude des étés entiers dans l’appartement sans chaleur humaine. Paradoxe d’un père qui vous offre en apparence des outils pour votre défense car il n’a aucune peur que vous soyez défensive vers lui. Les défenses ne se sont pas activé jusqu’au jour précis où le 19/20 en sciences physiques n’était pas suffisant. C’était 1 mois, à quelques jours près avant sa mort.

Je me sens terriblement isolé et je tente de donner le change. Je me dis à chaque fois que je parle « tu n’aurais pas dû dire ça ».

Je crois qu’il est simpliste de voir les abus sexuel, l’inceste, les violences comme altérant le rapport à soi, au corps, à la survie. Cela va au-delà : tout ce qui fait d’un humain, un humain s’en trouve abimé, fragilisé, mal ajusté voir complètement dysfonctionnel.

Et je crois que j’ai terriblement peur de l’autre, surtout l’autre quand il est adulte.

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