IronAnne - chapô
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Le silence, c’est quoi ?

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Ces derniers temps, j’ai beaucoup parlé du silence dans mon quotidien. En thérapie, avec une amie, avec une personne que j’apprécie mais que j’éloigne.  Et il est paradoxale d’en parler au bout de 2 ans sur ce blog, non ? Surement parce que c’est quelque chose à fleur de peau, de douleur, de mes plaies. J’ai l’impression que ce que je porte dans le concept du silence m’évoque l’image du feu qui brûle toujours la peau même quand la flamme est partie est partie.

J’ai parlé du silence en générale et en particulier dans la relation à l’autre ces derniers temps.  Et, dans mes proches, les personnes sont conscientes que les mots ont plusieurs capes dans leur sens. Elles ont pris le temps de toujours demander la cape de sens du mot silence pour moi, et de ces déclinaison dans la relation à l’autre. Le silence à de nombreuses teintes et je comprends tout à fait ces gradations dans ce qu’il peut avoir de merveilleux pour certaines personnes, de reposant, voir même d’une douce musicalité. Ici, j’ai envie de parler des facettes plus obscures dans lequel celui-ci se décline.

Pour moi, le silence, c’est l’absolu intranquillité. C’est l’enfer. Et il a été un ingrédient primordiale de mon enfance. Le silence est fait des sons, des bruits de la vie, des oiseaux, des voitures, du quotidien, de l’ignorance et d’un cri silencieux, assourdissant qui s’hurle dans une fraction de la contraction musculaire anticipatrice de l’agression où j’entends le danger dans le moelleux du pas de mon père dans la moque, fait du déchirement de mes tissus teintés de l’intense sidération au moment où un sexe pénètre mon corps. Le silence est assourdissant de sous-entendu, de non-dit, d’innommable, d’absence de mot, d’une mise en attente, du danger.

Le silence a nourri mon hypervigilance. Parce qu’il me fallait l’écouter plus que tout pour savoir où, quand, il me tomberait dessus. Il serait facile de croire qu’il se cache, l’absence de son fracassant, dans la nuit mais il est présent dans les ombres du jours. Il est une maladie contagieuse qui donne toute la place à l’anticipation.

Le silence, c’est quoi ?

C’est une question complexe en réalité. Le silence n’existe pas vraiment pour nous humain, c’est un concept avant tout. Nous ne le rencontrons pas, nous ne l’éprouvons pas. Car il y a toujours des sons qui circulent, des molécules qui vibre dans notre environnement. Le silence s’inscrit dans sa possibilité d’être dans le vide. Le vide, en tant que ressenti, ce n’est pas quelque chose que je gère bien.

J’avais vu une émission autour d’un laboratoire de recherche avec une pièce hyper technologique pour faire qu’il y est le moins de son possible qui puisse se propager. On y expliqué que les gens ne pouvaient pas y rester longtemps car, du coup, ils entendaient plus que tous les bruits du propre corps et que c’était anxiogène. Je me souviens à l’époque de comment cette information avait résonné en moi. Je me suis souvenu de comment j’ai pu parfois me couper, hors de toute ressource externe de ce que j’entendais dans le peux de son, par la concentration vers les bruits de mon propre corps. Pour traverser l’angoisse. Si j’entends mon cœur qui bats, c’est que je suis vivante. On ne respire que si le cœur tambourine. Il est, pour moi, là tout le temps, en arrière fond ce foutu silence. La nuit, dans l’obscurité, il y a du silence. Le jours, dans les ombres, dans des bas dans mon dos, il est encore là. S’il y a peu de bruit, c’est qu’il y a le danger.

Le silence, c’est mourir. Mais, ce n’est pas la mort, la fin de vie. C’est l’agonie. C’est l’espace où j’investissais toute mon attention pour tenir à l’attaque, à l’agression suivante. Il me fallait entendre le tissus de la housse de couette, les pieds sur le tapis, les moindres vibrations de l’air pour anticiper, supporter ses visites.

Je trouve merveilleux tout ce que les gens en colère du coté du beau. Et cela résonne avec le fait que ce soit le danger absolu pour moi. Je suis en lutte constante pour avoir du calme autour de moi chez moi, pour ne pas sentir les vibrations sur ma peau, dans mes os le son du monde qui s’agite. J’ai besoin de survivre, encore à ce qu’il me fait vivre ce foutu écho du vide. J’en ai marre d’ailleurs. Je veux marcher libre. Mais il est ce qui me purge de possibilité d’action. Il me fige. Il m’engage dans l’hypervigilance.  Il active une mise en action. Il me fait plonger dans le vide sans que personne ne puisse entendre ma chute, dans une solitude absolu. Il m’empêche de me détendre, de me relâcher. Le silence, j’en ai peur.

Le silence relationnel.

J’ai récemment évoqué quelque chose autour du silence relationnel. Le silence, ce ne sont pas les gens qui ne parlent pas, plus. C’est une coloration particulière dans ce que je vis de la relation avec l’autre. C’est a part. Mais finalement, elle est aussi un levier de mes tensions relationnelles extrême.  Le silence relationnel, ce n’est pas tant quand je me retire de la relation pour survivre, mais quand j’ai l’impression de perdre toute les vibrations de l’autre dans la relation.

Je me souviens avoir balancé y a quelque jours à quelqu’un « j’ai l’habitude de tes silences ». Je n’ai jamais théorisé le silence vers l’autre, dans mon discours explicite. Mais je le porte implicitement. N’est ce pas ma façon d’abimer la relation qu’en envoyant à l’autre « j’ai l’habitude de tes silences » ? Avec la plus grande des certitudes : oui. Mais la réalité est que je vis parfois des morceaux de relation dans ce silence et que je m’y perds. Je ne peux pas demander à l’autre porter « ça » mais, c’est là. C’est moi qui mets tout ce poids au milieu de jeux de quille. A ma façon, je dis « je te vis dans le silence, et ça, je ne peux pas le vivre ». Et j’adresse à l’autre une souffrance dont il n’a aucune clefs de compréhension, d’analyse, de réceptivité. Le silence, c’est quand je ne sens plus vivant de la relation. Celui-ci n’a rien à avoir avec l’indisponibilité de l’autre. J’ai des relations d’une intimité profonde qui sont dans des échanges parfois annuel et le lien est fort. Qu’on ne me répondre pas, ce n’est pas du silence. C’est la vie, et la vie c’est bruyant.

C’est une perception en fractal, fracturé que j’ai avec l’autre, avec ceux que j’aime uniquement. C’est l’impression que tout plonge sans fin dans le vide et que notre relation explose sans que l’autre ne le voit, meurt, perde toute substance.

Le problème dans tout ça, c’est que l’autre n’en est pas là. Mais moi si. Et je ne sais pas comment faire avec cette donnée. Car si j’ose en parler, j’ai l’impression que je demande qu’on prenne soin de mon angoisse… et je ne supporte pas d’être dans une dimension relationnel où l’on prend soin de moi. Et puis, ce n’est pas ce que je veux. Alors, j’évite d’en parler du silence. Je ne peux pas demander à l’autre de porter mes errances, ma pathologie dans la relation. Elle assez de place dedans, elle en prend tellement. Je parlerais de ça plus en avant dans un billet sur les troubles de l’attachement et comment cela sclérose mes relations.  

Le silence, il parle de la peur.
Le silence, c’est le vide.
Le silence, c’est l’angoisse.
Le silence, c’est le danger.

Il faut beaucoup trop de bruit à sa façon.

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