IronAnne - chapô
IronAnne
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Madame R et ses besoins

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Lors de ma dernière année d’école primaire en France*, la mère d’une de mes amies a dénoncé à mon enseignante des violences qu’elle a constaté sur mon corps. J’ai déjà parlé d’elle, de l’infini tendresse que j’ai pour elle et de la place particulière qu’elle a dans mon parcours.

Je reste encore hébétée de la réaction de l’enseignante. Elle s’es retournée vers mon père. Elle l’en a informé. Ce dernier a donc été menacé la mère de mon amie.

Des années plus tard, j’ai revu cette enseignante. Elle était hospitalisée dans le service où ma mère bossait à l’époque. Elle était mourante. Un cancer. Elle a sollicité cette rencontre. J’étais persuadée qu’elle me confondait avec une élève de l’année avant celle où je l’ai rencontré. Mais non, elle était au clair.

Cette rencontre n’avait aucun sens pour moi. Comment pouvais-je donner du sens à cette rencontre ?

Elle m’a beaucoup interrogé sur ma vie, mon quotidien. Comment lui dire ? Il n’y avait rien dans la relation qui offrait un espace où je me disais que je pouvais y déposer quoi que ce soit. Rien. Ça avait été une de mes enseignante, une parmi tant d’autre qui n’avait pas été marquante ni positivement, ni négativement. Je me souviens assez peu de cette année, enfin mais nous avions lu Mathilda et de la policopieuse, des histoire d’enfants… mais le reste ? Sa classe est nébuleuse. Je ne sais plus où j’étais assise.

Ce qui me frappe, c’est l’instrumentalisation. Dans ses tous derniers jours, elle a souhaité me voir. Elle est morte moins d’une semaine après. Elle n’est pas aller directement sur le sujet. Que risquait-elle ? Elle se savait mourante. Franchement. Non, elle m’a demandé de traiter sa culpabilité. Je me suis sentie tellement sale lors de cette rencontre. J’ai souvent été prise dans les tourments de la relation objectal. Ce jour-là, mon père m’a violé avant que je la voie. Il savait ce qu’elle connaissait de notre histoire. Moi pas. Je me suis senti comme une balle qu’on se renvoi. Je ne savais pas à quel point j’avais raison. Qu’est ce que ma mère a su de l’interpellation sur les violences ? A quel point j’ai été manipulé pour ce rendez-vous ? Prise dans les besoins des adultes de gérer leur propres errances. Et moi ? Je n’étais pas là pour moi, pour être sauvé, écouté, rencontré. J’étais là pour que mon père se sente en toute puissante, maitrisant d’un coup de queue sa fille dans la terreur. J’étais là pour qu’une femme se meurt déchargé de sa culpabilité. J’étais là pour qu’une mère se pavane. Mais moi ? où étais-je ? J’étais au bord du gouffre, attiré vers les fond hadal, percuté par un monde tout entier qui s’en fou des enfants en danger.

Je n’étais rien.

Réduit a encore moins que d’habitude. Je me suis senti prise dans la partie de billard d’adulte.

Je ne prends conscience qu’en écrivant enfin sur ce sujet qui était dans ma liste depuis 3 ans, combien c’était souffrant comment moment et aussi combien je ne peux aller toucher a ce qu’il y a de souffrant dans ce moment pour moi. Ressentir ce côté poisseux m’étouffe.

*CM2 en France, 5ième primaire en Belgique.

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