Picture of IronAnne
IronAnne

Mémé Marie

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

J’ai déjà évoqué pépé Erwin, mon grand-père, figure paternel pour moi. Je vous parle aujourd’hui de mon arrière-grand-mère paternel : mémé Marie. Je me suis accrochée à l’image que j’ai d’elle et je m’y accroche toujours. Je l’aime profondément encore aujourd’hui. D’ailleurs, je connais toujours son numéro de téléphone par cœur… près de 20 ans après sa mort.

Elle était la matriarche de notre famille, une femme forte sans concessions. Elle avait plusieurs petits enfants et j’étais la numéro 1 dans son cœur. Évidemment cela m’a valu beaucoup d’acrimonie de la part de mes cousines et cousins. Elle a financé ma vie jusqu’à son décès, mes parents se plaignant du coût astronomique que je représentais. Savait-elle que cela financé l’achat de carré hermès par ma mère ? De chemise en soie pour mon père ? De costumes de marque tel que Boss. Elle envoyait souvent de l’argent.

Chez elle, tout était hiérarchisé. Et si pour moi, c’était au top, pour les autres, ce n’était pas la même chose. J’avais mes jouets caché derrière son canapé dans des grands sac ; ma poupée qui trônais dans le dit canapé et qui était intouchable et donnant envie à tout enfant passant par là de jouer avec ; mon livre de chevet du coté gauche de son lit ; ma trousse à vieux bijoux en plastique des années 70 sous la télévision ; mes photos un peu partout ; une série de casseroles pour jouet dans la cuisine… Il y avait en plus un vielle casserole dans laquelle elle avait mis quelques jouets pour qu’un de mes cousins arrête d’essayer de piquer mes affaires.

J’avais le droit de fouiller partout. Sa maison était une boite à trésor pour moi. Je pense que cela ne devait pas être facile pour les autres que je prenne autant de place et eux si peu. Au-delà de ceci, elle avait deux catégories de petits enfants : ceux du sang et ceux par alliance. Et, chez elle : c’était important. Je détestait ça.

On recevait une certaines sommes d’argent en fonction de notre degrés d’importance à ses yeux. Je touchais le gros billet de 500 Francs (à l’époque, point d’euro), puis les autres 300, 200, 100, 50 voir 25. Elle n’avait pas de petites coupures. Mais pour mes cousins par alliance, point de gros billet. Donc, elle nous imposait de nous arrêter dans un commerce pour faire de la monnaie. Point que les autres enfants ignoraient mais c’était un sujet de friction épique entre elle et moi. Je lui disais que je trouvais cela injuste. Je lui disait que je l’aimais et que rien dans mon amour pour elle, était à vendre. Je lui disait que je l’aimais un point, c’est tout. Mais, si je ne prenais pas les billets, elle me privait de nos échanges. Et, je ne pouvais pas vivre sans elle dans ma vie.

J’ai souvent dormi chez elle. Je l’appelais une à deux fois par semaine une fois que nous n’habitions plus en Lorraine. Son argent, si il a permis de m’envoyer en vacances, m’offrant ainsi un sauf conduit loin de mes parents, je m’en fichais. J’ai même caché les billets qu’elle m’envoyait, que mes parents me volaient régulièrement, bien qu’elle leur disant « c’est que pour Anne », sous la moquette de ma chambre à Brazey-en-Plaine. Et pour l’anecdote : j’ai oublié de les récupère en partant de la maison ! Franchement… Mon rapport à l’argent n’était pas du tout affectif mais pratique.

Notre relation était riche, complexe et franche. Je me souviens de ses pseudos malaises dans le chalet de vacances de ma grand-mère. Elle nous faisait le coup chaque jour : « J’ai trop chaud, je vais mourir » au moment des corvées. Et moi de répondre « moi aussi j’ai trop chaud, tu fais comme tout le monde, tu donnes un coup de main pour la vaisselle ! ». Personne n’osait lui parler comme ça à ma connaissance. Mais moi, j’étais franche et direct avec elle. Nous nous engueulions, mais toujours avec amour.

Quand j’ai verbalisé que L’ado me faisait « du mal ». Elle n’a pas compris les choses. Elle m’a juste dit qu’elle le taperais s’il recommençait. Elle n’a pas pu saisir la noirceur de mon père. Je pourrais lui en vouloir, mais ce n’est pas le cas. Elle était consciente qu’il était trop sévère. Elle me le disait. Si elle avait compris qu’il avait essayé de me tuer, elle lui aurait arraché les yeux. Pour les viols, je ne sais pas ce qu’elle en a perçu. Et quand bien-même, si elle avait su, je lui pardonnerais parce que je ne peux pas en faire une personne affreuse, parce qu’elle ne m’a pas abandonné.

Elle avait des défauts : son rapport à l’argent, donner de l’alcool à son fils alcoolique, ne pas avoir su aimer sa fille (ma grand-mère), ne pas avoir su protéger mon père d’une mère qui l’a façonné à la monstruosité.

Mémé Marie a commencé à me garder quand j’étais encore un bébé. Elle me promenait bouffie d’orgueil dans mon landau pour montrer que toutes ses amies du club du 3ième âge. Elle m’a conduite souvent au cimetière quand elle allait se recueillir sur la tombe de son mari, de ses parents. Elle m’a souvent offert des crasse à manger quand il y avait des manèges en bas de chez elle. Elle m’a souvent raconté des histoires. Elle m’a souvent dit qu’elle m’aimait. Elle m’a souvent conduit en secret chez l’un ou l’autre descendant de son fils décédé.

Je me souviens, un soir… mes parents avaient décidé de ne pas me mettre chez Tata. Il m’ont laissé seule à la maison. J’avais 5 ou 6 ans. Et je vous l’ai dit, je connaissais son numéro par cœur. Alors, je l’ai appelé. Elle est venu en Taxi, m’a mie au lit. Le lendemain, j’ai appris qu’elle a engueulé mes parents et ces derniers m’en voulaient. J’ai pris une grosse fessée. J’avais eu très mal pendant plusieurs jours.

Elle a vécu la guerre, du négocier des ticket repas. Je n’ai que peu de détails sauf qu’elle s’était fait quelques amis dans la résistance. Si bien qu’a son décès quelques notables sont venu lui rendre hommage. Elle a eu un amant, le grand père de L’ado !

C’était une femme formidable à mes yeux. Je me suis imprimé de son caractère. Sa force de vie m’a guidée. Son coté intransigeant aussi. Elle m’a aider à survivre… l’a-t-elle jamais su ?

Oui, j’étais sa préférée. Et je suis désolée pour ceux qui ont souffert de cette hiérarchie. Elle m’a sauvé la vie. Et, je le sais du plus profond de mon être : sans elle comme modèle, sans elle comme source d’amour, sans elle comme racine… Je n’aurais jamais eu la rage de vivre.

« Merci mémé. Je t’aime. »

Elle est morte l’été de mes 16 ans. Il était 21h22 quand le téléphone a sonné pour nous informer qu’elle s’était simplement endormi dans son fauteuil le après son repas. Et qu’elle est morte comme ça, dans son sommeil. Elle me manque. Mon pilier.

Articles similaires

Partagez ce billet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *