chapô - IronAnne(5)
Picture of IronAnne
IronAnne

Mercredi, je sèche la natation

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Brazey-en-Plaine – Scolarisé à Dijon – 13/14 ans

J’allais à l’école à Dijon alors que je vivais encore à Brazey-en-Plaine. L’année suivante, nous déménagions pour Fontaine-lès-Dijon.

Je prenais le train seule quotidiennement. Ma mère n’avait pas des horaires compatibles avec le rythme de la scolarité. Donc, elle ne me prenait jamais, même si nous allions à la même heure à Dijon. Cela m’énervait. Je fréquentais un collège privé. Je ne m’y sentais pas bien. J’étais en marge de la bourgeoisie qui venait là. Je ne suis allée qu’une année dans ce collège, heureusement.

Le mercredi était une journée complexe. Le mercredi, on l’appelle la petite journée en famille aujourd’hui. Dans mon enfance, c’était l’enfer. Si je sortais à l’heure des cours, je devais courir pour récupérer un train et rentré chez moi. Mon père était chômeur. Je ne voulais pas passer le mercredi avec lui.

 Alors, j’ai glissé dans l’opportunité d’aller au cours de natation organisé par l’école. L’idée sous-jacente était la suivante :  Je ne pouvais pas prendre mon train, j’étais de facto obligé de rentrer plus tard. Le suivant était vers 16h.  

J’avais nombreux plans entre la fin de mon cours de natation parascolaire et l’heure de mon train.

En tant que mineur, j’avais un accès gratuit dans de nombreux musées.  J’allais très, très souvent au Musée des Beaux-arts. J’adorais y flâner. Je me baladais dans les différents recoins de l’art moderne aux ducs de bourgogne, des tableaux aux petits formats aux pièces peintes immenses, des statuts aux fourchette d’un temps lointain où la garde des ducs protégeais les lieux. Je connaissais toutes les pièces. C’était gratuit et agréable. Je me posais parfois sur une baquette pour visiteur pour relire une leçon ou un livre, faisant même l’un ou l’autre devoir à l’occasion. J’étais dans un lieu magique, hors du temps. Quand il faisait beau, j’allais au Jardin botanique de l’Arquebuse. J’adorais tout autant flâner là-bas. Je faisais un tour par le muséum d’histoire naturelle et le pavillon des sciences. Et au plaisir, quand je le pouvais, de visiter les serres.

J’ai fini par sécher la natation, par ne plus y aller. En réalité, je détestais ça. J’ai fait un faux papier en imitant la signature de mon père pour dire que c’était fini.  Il ne l’a jamais découvert ! Je profitais de Dijon.

Un mercredi, j’étais au jardin botanique. Je me baladais. Je regardais les enfants jouer. J’étais fascinée. L’espace était ombragé. J’étais sur la gauche du parc quand on avait la gare dans son dos.  Un homme de -2025 ans, peut-être plus, m’aborde. Il me demande ce que je fais là. Je suis tout de suite mal à l’aise. Je balbutie que je me balade et je m’éloigne. J’ai voyagé d’un pas rapide près de l’autre espace de jeux pour enfant, non loin des serres. Et ce mec au cheveux court, blond et bouclé m’a suivi.

J’étais très angoissée. Il n’allait pas laisser seule une si jolie jeune fille m’avait-il lancé. Je me suis assise sur un banc. Il y avait plein de parents. C’était un mercredi après-midi, normal. Je me suis dit que je ne risquais rien là. Il s’est assis a coté de moi. Il a mis son cartable sur ses jambes, un genre de porte document en cuire souple et noir. Il a commencé à agité sa jambe droite. De bas en haut, de haut en bas, la main dans sa poche, l’autre sur sa sacoche. Il avait un jean bleu clair. Le rythme de sa jambe était très rapide. Il était assis à ma droite. Il a finalement glissé la main droite sous son cartable, la gauche s’est déplacée pour se mettre dans mon dos et enlacé mon épaule. Il me faisait parlais et je répondais. J’avais peur et je ne voyais pas d’autre solution.

Le sac a commencé à faire des mouvements. J’ai compris qu’il se masturbait. J’étais concentré pour ne pas me faire pipi dessus. La peur de bouger et la peur de finir violer dans un coin du parc, un mercredi entouré de parents indifférent à mon sort.

J’étais très mal, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Il avait une veste bleu grise en toile, je m’en souviens encore. Il était massif. Il aurait pu m’enlever, m’enfermer dans un appartement, me torturer. Je ne pensais qu’à ça. Il avait peut-être une voiture dans le coin. Il aurait balancé à la foule que j’étais sa petite sœur, que je m’étais enfuit de la maison quand je me serais débattu. Tout le scénario possible finissait mal.

Dans un mouvement dont je ne me savais pas capable, je me suis levée. J’ai mobilisé une énergie intense qui me semblait loin de moi. Et là, debout… j’ai commencé à avancer. Je faisais le tour de l’espace de jeux. J’ai jeté un œil derrière. Je le voyais chipoter sous son sac, il fermait surement sa braguette. Il s’est levé. Il m’a suivi, encore. Il accéléré mon pas. J’arrivais vers un espace d’herbe où plein de gens était là. J’ai crié de me laisser tranquille. Aucun adulte-parents à proximité n’a réagi.

Et là, des jeunes femmes, surement la vingtaine, étudiante à l’université ou je ne sais quoi captent la scène. Et une se lève vers moi. Elle me sourit. Elle lance « Tu es enfin là ! Les filles je vous présente ma sœur ». Et elle a lancé je ne sais plus quoi ace mec mais c’était du genre pervers et des insultes… elles étaient toutes prête à me protéger.

Je me souviens avoir parlé avec elles. Elles voulaient que j’aille à la police. Mais cela me terrifiait. Je ne devais pas être là. Je devais être à la natation. J’étais sûre que mon père aller me tuer s’il savait que je n’y allais pas. Ma peur de mourir n’étant pas une figure de style, j’ai décliné à tort leur offre. J’ai passé le reste de l’après-midi avec des jeunes femmes dont je n’ai ni eu le nom, ni l’adresse. Elles m’ont sauvée. Je le sais. Elles m’ont accompagné jusqu’à mon train, car j’avais peur qu’il m’attende dans un coin.

J’ai échappé à un viol. Et, il m’a terrorisé plus que mon père. L’inceste était « ma » routine mais là, c’était une agression d’un jour ou peut être plus. C’était un inconnu. Ça ne collait pas aux codes de mon existence. J’étais très mal.

Je n’ai rien dit à mes parents. J’ai gardé cet évènement pour moi. Mon père n’a jamais appris que je n’allais pas à mon cours. Je ne suis plus aller dans ce jardin, je suis allée au parc Darcy. Je n’ai plus pris le risque de rencontré ce type effrayant.  Il était évident que j’étais mineur, fragile, renfermée.  Mes parents m’ont façonné pour être la cible idéale.

Articles similaires

Partagez ce billet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *