chapô - IronAnne(3)
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IronAnne

Non, pas d’adelphe ! – partie 1

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Nous vivions à Brazey-en-Plaine.

C’était un jour de semaine. J’étais au moins en 5ième. Je ne sais plus mon âge.   Il faisait déjà bien noir, surement en Hiver.

Lors du repas, mes parents m’ont annoncée tout de go leur intention d’avoir un 2ième enfant. Ma réaction ne fut pas celle attendu, voulu, désiré, même exigé : celle de la béatitude heureuse à l’idée de ce merveilleux projet, de ce petit chérubin joufflu.

J’ai vécu une révulsion. Une impérieuse pulsion interne de rejet en bloc. C’était inconcevable. C’était violent. Mon corps a crié « non ».  Mon corps a pris sont indépendance de ma pensée, de ma survie contrainte au silence monastique. Non, non, non et non. Comment oser mettre un enfant de plus dans cette famille ? Comment oser faire ça a un autre enfant ? Comment pouvaient-ils programmer la destruction inéluctable d’un autre humain. C’était animal, instinctif. Je ne pouvais pas voir un autre enfant dans cette maison. Alors, j’avais en tête l’idée paradoxale de le sauver en refusant qu’il vienne. C’est une pensé magique de l’enfance. Mais elle guidait cet élan de folie à m’opposer à eux.

Mon père m’a poursuivi de la cuisine à ma chambre en me traitant de petite salope égoïste qui refuse de partager le grand privilège d’être seule, gâté, pourri par son amour et le pognon de mémé Marie. Et là, je l’ai regardé droit dans les yeux. J’avais déjà perdu le contrôle et j’ai vrillé un curseur plus loin. Je lui ai sauté dessus. J’ai hurlé « non, non, on ne peut pas lui faire ça ». J’ai foncé dans sa graisse imposante, écrasant qui m’avait tant et tant de fois empêcher de respirer. J’ai hurlé comme une folle, bonne pour un asile du XIXème siècles. Il m’a balancé au sol et j’ai atterrie assise sur mon cul.

Je voulais lui faire mal autant qu’il ferait mal à cet autre enfant. Il m’a regardé droit dans les yeux, moi gisant sur mon cul au sol prête à lui rebondir dessus et il a lancé hautain, tellement sûre de sa toute-puissance « Tu ne veux pas une petite sœur ? Tu ne veux pas partager ton papa ». Le quoi ? En moi c’est une dissonance cognitive qui émerge. Partager ? ce mot me révulse. Non, je ne voulais pas qu’une elle éventuelle le subisse. J’ai rebondi sur mes jambes et je lui ai foncé dessus. Il est passé dans une rage que je connaissais. Il me fallait m’échapper, j’avais franchi toutes les limites dès le début. Et J’osais encore. Il avait pourtant fait preuve d’une certaine clémence à ne pas me fracasser directement.  Il perdait son emprise alors il m’a jeté au sol à nouveau en même temps que j’arrivais sur son corps. Il a fait que j’atterrisse sur le ventre à ses pieds. Il me soumettait à nouveau. Il a commencé à me foutre des coups de pied.

J’ai rampé, retrouvé un 4 pates. Je me suis réfugié derrière mon bureau, dans ce tout petit espace dans un entre deux. J’étais entre le meuble de mon bureau et le mur orné de sa fenêtre au volet entre ouvert, le chauffage. Le cœur battant fort. J’étais trop rapide pour lui.  Il a tout fait voler dans la pièce : le contenu qui était dessus de mon bureau. Il savait que j’étais caché derrière. J’étais terrorisé en boule, contractant tous mes plus comme pour m’en faire une armure. J’avais franchi la ligne rouge mais si je n’avais pu me retenir, sa rage m’a fait peur. Allais-je mourir ?  Il a jeté toute mes peluches sur le sol. Il a vidé toutes mes armoires. Il a hurlé encore et encore des insanités. Tout ce qui était dans ma chambre était sur le sol.

Et puis le silence. Il était épuisé. Le diabète m’a sauvé la vie. Je n’ai pas fait un bruit. Ne pas me montrer vivante. Il est parti essouffler. Je resté prostré dans le silence. Et là, je me suis fait pipi dessus. Je l’entendais dans le salon lointain de plusieurs mètres se plaindre de « ce qu’il avait fait pour mériter une fille pareil ». Il pleurait que j’allais finir par le faire mourir avec mon attitude. Non, il n’envisageait pas que sa réaction était hors-jeux ? Il était un colosse avançant dans la destruction. Ma mère lui répondait à quel point je ne les méritais pas. Oh, c’est vrai, je ne les méritais pas, enfin il ne me méritait pas. Il ne méritait pas d’enfant. Et je ne méritais pas cette demi-vie. J’étais dans mon urine, prostré entre mon bureau le chauffage qui m’irradiait de sa chaleur douce. Une chaleur plus humaine qui celle qui régnait dans cette maison. Et je voyais les lumières de la route oranger dans les interstices de mon volet. C’est tout ça que j’avais à cet instant : de la chaleur et la lumière vague. Le temps a duré 2 ou 3 siècles.

Mon père est aller se coucher. Il était épuisé par sa violence. Et moi là, dans le silence, je n’osais pas bouger. J’avais mal à en être figé dans une position. Ma mère est entrée dans ma chambre. « Va au lit » m’a-t-elle invectivé avec froideur, inhumanité. Je repensais à la reine de glace d’un conte quand elle parlait. « Demain, en rentrant de l’école, tu me rangeras tout ce que tu as jeté par terre. ». Je n’avais rien fait. Je trouvais ça tellement injuste. Au moins, qu’elle ne change pas le réel qui venait d’avoir lieu. Mais cette version était la plus acceptable des histoires qu’elle se racontait. Elle a tourné les talons juste après ses mots.

Je me suis relevé.

Là, debout dans la pénombre, l’urine sur ma robe de nuit, que faire ? Il y avait un océan d’objets, jouet, peluche, crayons, livres, de cahier, de trésors, de CD sur le sol. Je ne voulais pas dormir dans cette robe humide. Dans ma pénombre, l’œil depuis longtemps habitude, j’ai vu un pyjama. Je l’ai pris marchant sur des œufs. Je ne voulais pas casser plus mes affaires. J’y tenais à ce merdier. C’était un peu de moi. Un peu cassé comme moi.

Ce soir-là j’ai dit, dans le silence, dans ce en moi un « je vous salue marie » comme un chemin pour joindre au paradis mon grand-père Erwin. C’était mon petit rituel. Je faisais, je fais encore ça, un « je vous salue Marie », et je m’adresse à lui.  Et cette nuit j’ai supplié pépé Erwin de son paradis de m’épargner d’avoir un adelphe dans cette famille. Parce que je ne pourrais pas protéger quelqu’un. Il croyait en Dieu, il était catholique. Alors je pensais naïvement, comme une enfant, cette toute petite enfant qui allait à l’église avec lui que c’était le seul numéro de téléphone pour le joindre.

La suite demain

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