chapô - IronAnne(4)
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IronAnne

Quand un souvenir me traverse

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Je suis passé de la posture debout contre un mur les yeux fermés à posture au sol à 4 pattes. J’ai mon bras gauche qui fait bouclier pour toute rencontre alors que je commence à explorer la salle dans cette position. Je ressens la présence de mes camarades tant part le son de leur respiration que par leur odeur ou la perception de leur mouvement sur l’air ambiant. Et pourtant, je me perds quasi immédiatement au sol. La lumière est orangée, chaude. Le sol est chaud. Et dans cette ambiance, je pars, j’avance comme une automate. Je cherche le chemin : le chemin dans la sale ? non, un chemin plus ancien, plus vieux, qui date de loin. La lumière, la chaleur, l’ambiance, l’odeur de poussière de cette salle me renvoie à ma chambre d’enfant à Brazey-en-Plaine. Je suis dans le présent et dans ce souvenir. Il y a intrication, superposition, entremêlée. Je me retrouve en même temps à 4 pattes dans ma chambre cherchant le chemin vers ma veilleuse les yeux fermés. J’ai 9 ans. Et j’ai encore besoin de cette lumière. Les monstres habitent les ténèbres. Il y a la rage animale dans la chambre de mes parents. Il y a l’éructation, la rute d’un ours prêt à dévorer une proie après des mois d’hibernation. Il y a une part animal en moi qui sait que le danger est là. Je me suis glissé hors de mon lit le plus silencieusement possible. J’avançais dans la pénombre orangée de ma chambre. Et dans ce besoin d’être discrète, je n’ouvre pas les yeux. Ouvrir les yeux, c’est rencontré le réel. Et le réel dans ce moment de l’enfance n’a rien qui donne envie d’aller l’explorer, de prendre du plaisir dedans. Je me dirigeais à l’époque avec ce que ma vue percevait au travers de mes paupière. C’est précisément ce point qui m’a fait basculer. J’allais vers la lampe. Elle était sur la première planche de l’étagère. En dessous, il y un espace, sous cette planche. Un espace où je peux, pouvais aller. Je ne serais loin de mon lit. Il y a des peluches, des coussins, des jouets. Je vais pouvoir faire comme E.T, me cacher dans les jouets et surtout je pourrais finir de dormir. Je me souviens de la peau qui frissonne, qui tente par tous ses ports de comprendre les mouvements de l’air, le déplacement le plus infime des molécules. Il y a un sentiment de presque transe prise dans la panique. J’avance à 4 pattes comme si j’étais prise dans un liquide a haute viscosité, comme dans cette chambre d’enfant.  Anxiété, confusion, affolement mais surtout la peur, l’effroi. Je suis coincé dans le ressenti de l’époque. Avoir peur de mourir de douleur. Avoir peur qu’elle ne soit pas assez consciente avec lui. Peur qu’il se décharge de rage sur moi, en coup de poing ou de rein. Là, je suis à 4 pates dans la salle parquet habité par ce souvenir. Je ne sens que les pleurs, les cris, l’animal de l’époque qui n’a pas pu sortir et bien, tout cela sort de moi. Cela sort dans un souffle qui s’impose à moi hors de ma volonté. Je ne veux pas de ça en cours. Je ne veux pas montrer ça de moi. Je me souviens de chaque minute, de chaque geste, de chaque nerf activé, de chaque instant de cette enfance que je voudrais oublier avec la pureté du cristal. Je voudrais retourner dans la sécurité dissociative quand c’était ailleurs en moi.

J’ai la sensation d’une main chaude. Une main qui est grande. Une main qui se prolonge, s’agrandit sur mon dos, un toucher qui se diffuse sur mon corps. C’est comme si une fine pellicule vient se mettre sur moi. Comme un film qui fait armure, qui me redonne de la consistance, comme si mon corps revenait. Je pleure, je panique. Je suis figé dans cette immobilité de l’enfance. Un mouvement revient, il est proposé par la main de A. L’immobilité c’est la mort, le mouvement c’est la vie. Et la mort, la peur de mourir habite mon enfance pas comme un risque mais comme toutes les fois ou les mains de mon père ont était à un cheveu de me tuer avec couteau, ses mains, ou encore en m’écrasant la carotide avec son pied. Mourir, figer, sans vie. La remise en mouvement, c’est retrouver chemin vers le présent. J’ai survécu. Je suis vivante et il est mort. Le mouvement c’est la lanterne qui vient se mettre au-dessus de la lumière de ma veilleuse. Dans une lanterne, il y a une flamme de bougie. La flamme vacille, vivante, soumise au mouvement les plus infimes des courant d’air chaud ou froid.

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