IronAnne - chapô
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IronAnne

TFE, une épreuve qui traverse sa propre histoire

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Je n’aurais pas cru que ce billet serait si dur à écrire. Les derniers mois ont été focalisé sur travailler et faire mon TFE. Enfin presque. A côté, il n’y avait ne pas sombré dans ma propre histoire. Je pourrais me compter de vous parler de ses 3 dernières semaines. Mais ce n’est pas tout à fait juste.

Depuis décembre, je subis des attaques de ma mémoire traumatiques. Il y a peu de gens qui le savait. Je m’étais autorisé à leur dire, pour ne pas être seule. Mais en réalité, j’ai demandé s’ils étaient ok que je leur dis et j’ai gardé beaucoup le silence. Enfin, pas tout à fait. J’en ai un peu parler parce que je me suis effondré un peu trop et puis que certaines choses ont eu lieu.

La mémoire traumatique ce n’est pas une chose simple. C’est l’instant même de l’agression qui est sur le présent. C’est sans distance, sans temps. C’est là mais ce n’est pas là en même temps. C’est le souvenir de la sensation qui vient d’avoir eu lieu mais qui a 20 ans d’âge d’une main qui glisse sur ton cou, qui coule jusqu’à ta poitrine. C’est l’impression que sa peau colle toujours à la sienne. C’est revivre la sensation à l’identique.

Voilà ce que j’ai vécu quasi quotidiennement. Alors mems si 3 personnes ont su que c’était beaucoup là, je n’ai même pas réussi à leur dire combien c’était là. Combien c’était terriblement envahissant. Au moins une personne a dû le saisir dans mes non-dit, dans mes tensions, dans mon non verbale. C’est terriblement douloureux. Je vivais, je le vis en réalité encore. Sans pause mais je travaillais. Je sentais sa bouche sur mon coup, sa langue dans mon sexe encore et encore. Un bus qui vibre trop et j’étais partie au loin. C’est ressentir cet air irrespirable.

Et puis j’avais ce travail à faire. Cette hypothèse : l’existence d’un transfert corporel diffracté. Je n’ai pas envie de l’expliquer ici. Mais l’idée est simplement les traces que l’autre nous laisse en petit bout. Ce n’était pas pour rien cette hypothèse. C’est qu’a 6 ans, je constatais dans la gestuelle de proche dans ma famille une gestuelle typique de mon père. Des gestes de lui différents en fonction de ses victimes. Le fond de mon hypothèse c’est comment faire avec cela, comment en faire un outil, le transcender, métaboliser la contagion.

J’ai passé 5 semaines très intense à écrire : écrire ma clinique, puis trouver un angle d’attaque. J’ai passé les 3 dernière semaine à la salle de psychomotricité ou je travaille à écrire encore et encore. A affronter ce sujet. Comment parler de thérapie institutionnelle, comment parler de mon hypothèse. Pour la première fois, je n’ai pas fait ça chez moi. J’ai trouvé une terre d’accueil. Et surtout, je me suis laisser soutenir. Mais ces semaines ont été fait de cauchemars, de larmes, de terreur.

Et puis j’ai rendu jeudi passé mon travail. Et je me suis dit qu’il n’a pas gagné, mon père. Que j’y suis arrivée. Que j’ai des gens qui m’aiment parfois plus pour ce qu’ils croient que je suis et ces précieuses personne qui me voit tel que je suis avec cette cassure sans me trouver monstrueuse. Des gens qui comprennent que ce n’est pas une cape dans laquelle je me love que celle de victime. Que c’est ce qui me brule à en mourir même si je vis. J’ai bossé comme forçat. J’ai franchi le Styx, l’Everest, la montagne du destin et affronté Smaug chaque jour.

Les mercis sur un TFE, ça ne couvre pas la profonde reconnaissance que j’ai pour certaines personnes. Il y a celui qui a été plusieurs jours a coté de moi pendant que chacun de nous travaillons à nos propres textes. Il y a ses relectures jusqu’à mardi soir. Il y a celle qui a dessiné pour moi, qui m’a dessiné. Il y a mon compagnon. Mais chacun m’a eu avec cette plaie douloureuse.

J’ai eu tellement peur que mon père gagne mais j’ai rendu à temps. Je suis épuisée et je pleure ce soir. Intensément. La douleur de toute cette histoire. Un TFE, c’est un travail qui met sa propre histoire à l’épreuve, qui peut nous broyer…. Mais si on tient. La magie est une possibilité

J’aimerais un jour pouvoir témoigner à la juste hauteur de l’amour que j’ai reçu durant ses deniers mois de la part de rare proche. De ceux à côté de qui je peux être assise et pleurer sans un mots car l’implicite suffit.

J’ai une chance folle d’être enfin aimé tel que je suis.

Le 3 juin, je défends mon travail. J’ai encore des épreuves à traverser. Ce billet en dit peu. Mais je suis en pleure parce qu’il porte dans mes non-dit tellement de chose dont les mots m’échappent.

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