chapô - IronAnne
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IronAnne

Un trajet comme les autres

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

France – Brazey-en-Plaine – CM2

 Il fait encore nuit quand je me glisse dans la voiture côté passager. Il a mis mon cartable dans le coffre. C’est un matin comme les autres. Rien de neuf, rien de surprenant.

Mon visage se fixe sur le film quotidien du paysage qui défile. Quelle seront les nuances de bleu et de vert ce matin ? La lumière deviendra-t-elle chaude avant d’arriver à Dijon ? Aussi vite apparue, aussi vite éthérique se font ses questions.

Je vois passer les villages, quelques virages, des lignes droites, des intersections, des champs, le bord du canal, des arbres, des ponts, une base aérienne militaire. Je vois mais je ne regarde pas. Mon attention s’est distillée dans les mouvements incandescent du bleu tel le gaz qui se consume aux lèvres du bec bunsen. Hypnotisée, fuyante, fugitive de ma propre condition. Petit à petit c’est le rouge qui embrase crépusculaire l’aube du matin. Cela m’indique que le trajet va s’abréger, enfin.

Je brûle silencieusement. Je suis perdue dans ce continuelle qui varie au fils de saison mais si pareil.

La flamme s’apaise, jaune, lumineuse. Nous arrivons dans la banlieue de Dijon.

Il a mis sa main sur ma cuisse comme on le fait à la femme qu’on aime entre chaque passage de vitesse. Il caresse ma cuisse avec un geste infiniment trop intime, au-dessus, un peu vert le dedans, remontant vers mon pubis protéger par un pantalon bien verrouillé, redescendant vers la rotule.

 Cette même cuisse qui ne fut pas soigné des années plus tard dans un banal accident. Elle a trop été touché alors aujourd’hui, elle ne sent plus rien, et je me dis que ce n’est pas forcément plus mal. Une branche à couper mes nerfs superficiels dans un accident d’escalade. J’ai demandé à voir le médecin, refus de la mère soignante pas foutu de désinfecter cette déchirure. Seul, j’ai pensé la chair écorchée. Cette cuisse subissant tous leurs vices.

Cette cuisse est de feu dans ces trajets.

C’est d’elle qu’émet le souffle de la brule de mon âme, ignescente, elle dévoré ma présence au monde. Elle c’est sa main. Elle me brule, cette enveloppe caressée par la griffe d’Algos, infectée la perversion ulcérante.

Quand mon humeur morose remplie trop le bocal asphyxiant de notre voiture. Il sert avec sa main une zone reflexe sur le ton du jeu pour déclencher un mouvement hors de mon contrôle. Mais c’est réalité le tic-tac du crocodile qui me rappelle que je n’ai pas le contrôle. Il orchestre tout.

C’est bien la ville qui arrive enfin, il faut passer plus de vitesse. Il faut plus d’attention. Ont arrêté d’enchainer la rectitude de ces quelques 30 kilométré quotidien pour les segments court.

30 fois 2 trajet par jours, fois 4 jours par semaine, multiplié par 36 semaines, moins quelques jours où ma mère le trimbale. Ça en fait des brulures au compteur de la pulpe invisible d’un épiderme.

C’est peut-être bien que ma cuisse soit anesthésiée, elle doit encore bruler. Et je ne sens rien.

C’est à la fois si anodin et si signifiant ce petit rien qui a le râle de sa noirceur, cette main posée, caressantes, presque légère.

Elle m’a poursuivi chaque journée de classe. J’ai souvent caressé ma peau avec force, pression, pour essayer de retrouver ma jambe, la récupérer, ne pas la laisser en jachère de ce père mal-aimant.

Encore aujourd’hui, j’appuie dessus. Elle est toujours là, toujours absente.

Lundi, en séance d’ostéopathie, j’ai travaillé le soin de zone grise. Je lui ai mis symboliquement, mentalement un cataplasme vert de feuille infiniment vivante, irisée. Et je rencontre dans ce souvenir l’autre face obscure de ses traumatismes. Le chemin de la mémoire est un labyrinthe en transmutation constante.

Enfaite, ce n’est pas juste une blessure d’escalade. C’est pire. Mais il commence à faire frais, le verts, l’essence d’une vie loin des symboliques de l’humain permet de penser les blessures dans le vital végétal pour simplement retrouver vie.

La symbolique a une force réparatrice.

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