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IronAnne

15 ans, aménorrhée

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

Mon père suivait tout de mes rythmes physiologiques, biologique. Il le faisait pour le contrôle avant tout mais aussi pour sa sécurité. Et cela, je ne l’avais pas compris. Je n’en comprenais pas l’essence, l’intérêt, l’objet.

J’avais eu lors de mon premier passage en 3ème (3ème secondaire en Belgique) un cours sur la reproduction. J’en avais retenue, saisi et compris qu’un spermatozoïde fécondait un ovule dans une relation sexuelle à certains moments du mois qui ne m’était pas clair. On avait vaguement évoqué les règles. Je n’avais pas réellement fait le rapprochement entre les deux informations. Tout cela était en réalité une abstraction pour moi, des concepts. Je n’avais ni projeté le sperme, ni compris l’interaction entre toutes ces informations.

C’était l’époque où l’on se centré sur le sida et sa prévention juste titre. J’avais surtout compris qu’il fallait avoir des rapports protégés. Je n’avais pas fait de liens de sens pour moi. Et finalement, paradoxe : la sexualité était une chose incompréhensible. On nous en parlait comme si cela était évident, compris, acquis. L’incompréhension de ce qu’était, n’était pas la sexualité était normal ans mon contexte de vie. Je ne pouvais même pas rencontrer cette notion. Tout le père faisait ça avec leur enfant. Alors ? C’est quoi la sexualité ? Cela semblait évidement pour tout le monde autour de moi. Du coup, je me sui renvoyé à ce que je pensais de moi : être une pauvre cruche

Je ne suivais pas le rythme de mes menstruations. Cela arrivait plus ou moins à un certain rythme assez large. Ma mère ne m’avait pas posé quoi que ce soit sur cette partie importante de ma vie, des implications qui en découlait. Rien. Flou artistique majeur.

L’années de mes 15 ans, j’ai commencé à un moment à ne plus avoir de menstruations. A vu de mes troubles alimentaires, je pensais que c’était lié. J’avais eu la même cause d’une phase anorexique. J’avais vaguement lu ça dans un livre. Voilà. C’est tout.

Malheureusement, c’était autre chose. Cette aménorrhée n’était en rien signifiante de mes troubles alimentaires. Loin de là. J’étais enceinte et je ne l’ai pas compris immédiatement.

Il y avait une ambiance lourde chez moi. Mon père ne me touchais plus, ne me regardais quasi plus. Tout était étrange. Il me demande juste si j’avais eu mes menstruations. J’étais toujours en 3ème. J’avais refait mon année. Et nous avons revu cette matière.

Tout s’est éclairé comme une évidence.

J’étais enceinte.

Et j’étais en freestyle de panique. Je ne savais pas « comment » parce que je ne connecte pas les traumatismes, tout était partitionnait. Je me suis fait des idées complexe, fantasmatiques : le mythe du sperme sur la cuvette des WC !

Je vivais le tout avec panique. Je ne pouvais avoir un monstre en moi. Je vivais le paradoxe de la dissociation sur ce que je subissais et un mensonge que je ne pouvais pas me faire à moi-même. J’étais dans une demie-réalité. Entre tout et rien. C’était clair et obscure en même temps. Une partie de moi comprenais d’où cela venait et pas l’autre.

Je ne voulais pas de l’antéchrist qui dévorait mes entrailles. Une camarade de classe avait accouché l’année précédente. Elle avait arrêté l’école. Personne n’avait rien vu de sa grossesse. Je ne voulais pas vivre cela. Puis, j’étais sûre qu’il allait me tuer. Je ne savais pas comment m’en sortir. Je n’étais pas assez libre pou aller dans un planning et de surcroit je ne savais pas ce que c’était. J’ai fini par trouver une solution. Je suis rentré en retard plusieurs fois. Et avec étonnement, cela n’a aucune conséquence. J’allais à l’école dans une ville avec une délinquances assez importante. Je me suis mise dans des situations de provocations aux petites frappes du coin pour finir par me faire rouer de coups. Je me souviens de la situation tel un film. Je faisais tout pour qu’ils visent mon ventre. Je me jetais à terre après un peu de temps…

Après 3 fois dans cette situation de coup de pied dans mon ventre… les choses se sont mis en place dans les 24h. C’était une mercredi après-midi. J’étais seul chez moi. J’ai saigné. Je devais être enceinte de 3 mois.

J’étais au WC. Je pissais le sang et je dégustais de violente douleur. J’étais plié en deux, ma respiration difficile, étouffée, crispé. Je n’arrivais pas faire entrer de l’air dans mes poumons. Je ne savais pas ce que c’était qui se jouait dans mon utérus : des contractions. J’ai expulsé l’embryon dans un cri de douleur étouffé.

Il était là dans mes toilettes. Il y avait du sang. J’ai eu peur. Jai tiré la chasse d’eau.

Ce truc faisait 4 ou 5 centimètres et ressemblait à un alien. C’était effrayant. Cela confirmer mon sentiment d’avoir un monstre en moi. Je ne savais pas que c’était la taille normale, l’aspect normal. Il y avait une poche. Il y avait y avait des morceaux d’endomètre. J’ai tout effacé en tirant la chasse. J’ai aussi mis du déboucheur de toilette au cas où. J’ai fermé la cuvette et mis des atlas d’universalis que j’avais dans ma chambre. Je voulais être sûr que cet alien ne revienne pas. J’avais bien vu le film de Ridley Scott. Hors de question d’avoir ça chez moi.

Mon père a vu que je saigné, parce qu’il y avait des taches sur ma culotte et que j’avais entamé bien mon paquet de serviette hygiénique. Je lui ai aussi dit que j’avais mes règles. Il a changé de regard du tout au tout. Il a assumé : « Tu vas prendre la pilule ma fille. ».

J’étais d’accord avec cette décision. Je ne voulais pas vivre ça à nouveau.

Après avoir expulser ce bébé, j’ai juste archivé ce fait a un non-événement. Il a refait surface il y a presque 7 ans, lors de l’accouchement de mon fils avec les gestes du soignant. J’ai eu un flash. Ce jour-là, le soignant a eu ce sourire si particulier que j’avais vu toue mon enfance. C’était fini. J’avais compris mais pas rencontrer ce sentiment : il y a danger.

Mais, il y a eu quelque chose de clair pour lui. Des années auparavant, il m’avait qu’il n’était pas mon père, qu’il était stérile. Il m’avait jeté le papier à la figure la fameuse nuit ou j’ai été mise sur les escaliers à Brazey-en-Plaine. Il ne pensait prendre aucun risque en me violant. Il était fertile. J’ai encore jusqu’à très récemment vécu le paradoxe : il est stérile, oui. Il m’a mis enceinte, oui. Point. C’était incohérents. Mais je ne pouvais pas gérais cette incohérence.

La réunification des bouts de mon histoire rangé dans des parts de moi difficile d’accès est un processus long et souffrant mais il serait pire que de le nier. Rencontrer cette partie de mon histoire a été violent et cassant de vérité. C’est toujours difficile.

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