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IronAnne

5 min de retard

 Ce texte est écrit par une personne présentant entre autre une dyslexique et dysorthographiques. La forte charge émotionnelle de cette écriture aggrave l’expression des troubles dys* de ce fait orthographe, grammaire et syntaxe sont affectées par l’exercice testimonial ici partagé.

Il est volontaire de ne pas faire corriger les textes. Les troubles dys sont des handicaps. Et oui, parfois … c’est difficiles à lire. Mais cela n’invalide pas le propos. Merci de (re)lire la notice dys*.

La violence prend milles et un déclencheur chez mon père. Je ne sais pas ce qu’il a vécu ce jour-là, mais il était de toute évidence, il était sous tension. C’est en tout cas ce que me dit ma logique d’adulte regardant ce souvenir en face. Un refus d’emploi ? Un oubli dans son traitement pour le diabète ? Une hyperglycémie ? Une émission qui l’a fâché ? Je ne sais pas. Je me souviens que j’étais en 3ième, j’étais doublante. C’était la honte familiale. C’était le printemps. Je me souviens de la lumière de cette journée, elle était belle. Avec ce type de souvenirs, vous comprendrez pourquoi je ne suis jamais en retard… et que les rare fois où cela a pu m’arriver, j’en souffre énormément.

Comme chaque jour, je suis sortie de l’école à l’heure. Il ne fallait pas être en retard. Je savais que mon père était à la maison. Et je connaissais le prix d’un retard : des coups. Je courrais après le bus chaque jour. Le retard entrainait une fissure en moi et une anxiété sans non.

Tout allait bien ce jour-là, j’avais choppé le bus que je devais prendre. Et j’avais eu la correspondance avec le bus de la ligne 21 à l’heure. Bref, c’était bien. J’étais bien. Mais sur le trajet, une voiture qui traine, un peu plus de circulation, un mini embouteillage… Me voilà 5 min en retard dans le bon bus. Je ne l’avais même pas remarqué. Je suis sortie du bus en souriant. J’avais de quoi sourire. J’avais une bonne note à faire signer. Un 17/20. J’irradiais de joie. Et il suffit d’un regard pour que tout cette brise.

J’ai regardé vers le 2ième étage de mon immeuble. J’y ai vu mon père, regard fermé.

Et là, la peur qui a pris toute la place en moi. Fini la joie, fini la belle humeur, fini le regard doux vers la lumière du printemps. Mon cerveau cherche à comprendre. Je fais mille hypothèses en un temps record… « Ce n’est pas le jour du bulletin de notes. Je n’ai pas laissé de bazar dans ma chambre. Je n’ai rien caché nulle part. Je ne vois pas ce qu’il a pu trouver dans ma chambre. Il a tout trouvé y a 3 jours. Mes affaires de cours sont bien ranger. ». Il y avait moins de 100 mètres entre le trottoir où je me trouve et notre appartement.

J’ai traversé la route. J’étais flageolante, frêle. Je voyais ce visage fermé… il était signe d’une tempête. Je n’ose plus regarder vers la fenêtre de la cuisine. Je rentre dans le hall de l’immeuble. Je pose mon cartable. J’allais l’ouvrir pour chercher mes clefs mais mon père m’ouvre la porte depuis l’appartement. Le son si spécifique qui déverrouille la porte, je tremble de partout. Je sais que je n’ai aucune échappatoire. Je sais aussi que peu importe le temps qu’il me faut pour monter, rien ne changera le scénario qui va se jouer. Je n’ai même pas appuyé sur l’ascenseur. Il s’ouvre devant moi. Je comprends que c’est lui qui l’a envoyé.

Je rentre, j’appuie sur le chiffre 2. Et là, je prie pour un accident… que la machinerie reste bloquée ou que les câbles se brisent. J’espère sincèrement que l’engin tombe jusqu’au sous-sol. J’en suis là. J’ai si peur. Cette émotion que je ressens transcende la peur, la terreur, la frayeur. Je sens que je vais mourir. Il y avait toute la noirceur de l’humanité dans ses eux. Alors oui, je supplie en moi dieu de faire que cet ascenseur lâche.

La porte s’ouvre. Il fait noir. Je m’attendais à ce qu’il soit là.

Rien.

Mon cœur palpite. J’entends mes battements cardiaques exploser dans ma tête. C’est pulsatif. J’ai la tête qui tourne de ce bruit interne. L’air ne sort pas de mes poumons, il n’entre quasi pas plus. Je suffoque. Me tremble dans mes cuisses, dans mes mollets. Mon corps tremble de frayeur. Mes orteils sont retroussés si fort que je ne peux pas déployer correctement ma plante des pieds. Mes bras sont tendus. Mes ongles transperce presque la peau de mes mains tellement je sers les points. Je veux mourir dans l’ascenseur. Je redemande à dieu de me tuer sur place. Il me faut sortir de cette boite métallique qui ne sera pas mon cercueil.

J’entre. Il est dans le hall d’entrée de l’appartement. Je dois avancer de 3 ou 4 mètres vers lui. Il a les yeux révulsés de rage. Je ferme la porte en me servant de mon pied, sans me retourner. Je ne veux pas me retourner. J’ai trop peur de me retourner. J’avance. Je veux mourir, un arrêt cardiaque, n’importe quoi… Mourir.

Il hurle. Je ne comprends rien. Les mots ne font pas sens. Mon cerveau ne peut pas comprendre, l’épouvante a pris toute la place en moi. Une gifle défonce mon visage. Je fini par entendre « 5 min de retard ». Et je suis dans l’incompréhension. 5 min de quoi ? Mais j’étais dans le bon bus. Il surveillait. Il sait que… non, il ne veut pas savoir. Il a son prétexte. Il me jette au sol d’un deuxième coup, toujours une gifle. Il me hurle dessus parce que je suis au sol. Je me relève. Je n’ai nulle part où aller sauf dans la cuisine qui est à ma droite.

Je me dis que si j’ai de la chance il fera le tour de la table qui est au milieu de la pièce et que je pourrais faire le tour moi aussi assez vite pour fuir dehors. Et courir vers l’escalier de l’immeuble. C’est une sortie de secours. Pour entrer, il faut ses clefs mais pas pour sortir. Je peux peut-être y arrive. C’est quand même un type malade.

Mais il me rattrape par le pantalon à peine la porte de la cuisine franchit. Il me fait tomber à nouveau au sol. Il m’arrache le pantalon. Je suis là sans pantalon, enfin presque… il est retourné sur mes pied. Il traine au sol. Je ne peux plus marcher. Mes chaussures coincent mon pantalon. Je rampe. Il hurle. Je n’entends rien. Je me mets à 4 pates. Des coups me tombe dessus et ne sait même pas si c’est ses pieds, ses mains. Ça raisonne de douleur en moi. Je me redresse malgré tout. Je tente d’avancer dans la cuisine. Il me retourne. Je recule… je cours à reculons enfin, je tente de le faire… Mon pantalon m’en empêche.

Il me jette au sol. Je suis entre la table, le séché linge, le frigo et la plaque de cuisson.

Je suis là, au sol. J’ai réussi à retirer mon pantalon dans ces 4 mètres…Je ne sais pas trop comment, en trainant mes pieds en dehors de mes doc Martens. … je suis là, mes chaussures sont dans mon pantalon, en chaussette. J’ai le dos plaqué au sol. Il est au-dessus de moi. Et son pied atterri sur ma trachée. Il appuie. J’étouffe. C’est comme ça que je vais mourir.

En écrivant aujourd’hui ce texte, je ressens comme si c’était hier ce que ça fait que d’étouffer. Ma trachée s’en souvient encore. Les parois plaquer l’une contre l’autre. La tête qui tourne parce qu’on manque d’air. Et là, c’est comme une clarté interne. Je ne veux pas mourir. Je le souhaite souvent mais je ne veux pas mourir. Je tente d’arracher son pied de ma gorge. Je plante mes ongles juste au-dessus de la cheville de son pied droit qui m’étouffe. Rien n’y fait. Il appuie de tout son poids.

Je vais mourir. Non, non, non ! Non ! Je ne veux pas. Et là, c’est ma jambe droite qui se plie. Et je le frappe dans ses testicules. Je lui fais mal. J’y met de la force, la rage de vivre qui est en moi. Il est pris par une grande douleur. Il lâche prise. Il se plie en deux Je crois que j’ai été très violente dans le coup. Mais je m’en fou. Je n’en ai strictement rien à foutre. Il peut crever de douleur, je n’en ai cure. Je m’enfuie… dans ma chambre. Je ne sais pas pourquoi. J’aurais dû fuir dehors, crier au secours. Y a du monde qui passe sur cette route. Mais non, je vais dans ma chambre. Je me mets en boule dans le fond de mon lit.

Je suis terrorisée. Je suis un animal qui se terre dans le moelleux d’un lit. Je ne bougerais pas, figer en boule pendant longtemps. La lumière tombe. Il fait nuit. Il entre dans ma chambre. Je suis là, immobile. Il jette mon cartable sur le lit, mon pantalon. Il pue la pisse. Il ne dit rien.

Je vais rester là longtemps, sans bouger. Il va au WC. Je vois mon père chier ou pisser. Je ne sais pas. Il est juste en face de ma chambre. Il va au lit. Il ne me parle pas. Je vais finir par l’entendre dormir. J’ose bouger. Je me levé, je vais mettre mon pantalon à laver. Je prépare mes vêtements pour le lendemain matin, ou pour dans quelques heures. Je ne regarde pas l’heure.

Le matin, mon réveille ne sonne pas. Je le coupe avant. Je me prépare le plus discrètement possible. Je mets un foulard autour du cou. Je sors de l’appartement. Une fois la porte fermée tel une petite souri. Je cours. Je descente l’escalier si vite…. J’arrive en bas, je sors. Je vais prendre mon bus. J’attends en silence. J’ai peur qu’il vienne par derrière. L’arrêt de bus est devant mon immeuble.

Je vais en cours.

Le soir, quand je rentre ma mère est là.

Il a essayé de me tuer. Il essayera encore 2 autres fois dans les semaines qui suivent

Je ne suis pas en retard. Être en retard, c’est prendre le risque de mourir. Ne moquez plus mon avance. C’est vital pour moi.

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